La Chronologie de l'Indépendance du Liban (vidéo)

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La Mort pour la Patrie et l’Indépendance est une naissance, tandis que la vie sans indépendance est une mort.

Saïd Akl

Un constat que beaucoup de Libanais, par l’Histoire contemporaine, ne peuvent qu’accepter. L’Indépendance du Liban a été un long cheminement, marqué par de nombreux sacrifices, par la mort de nombreux martyrs et une lutte sans relâche depuis le 19ème siècle jusqu’à aujourd’hui. Bien que célébrée le 22 novembre en commémoration des évènements de 1943, le Pays des Cèdres se doit également de se souvenir de ces dates critiques qui ont permis l’avènement du Liban dans ses frontières géographiques actuelles.

A l’Origine, La Création de la Moutassarifat du Mont-Liban

Mai 1860: Attaque de Deir el Qamar par les Druzes. Les troubles se propagent à Jezzine, Hasbaya, Saida. Zahlé est assiégé.

Juin-Juillet 1860: Les massacres continuent.

6 juillet 1860: Intervention Ottomane, réconciliation entre les Chrétiens, les Sunnites et les Druzes.

16 Août 1860: Intervention de l’Armée Française au Liban en conformité avec le traité dit des Capitulations qui lui donne un droit de protection des minorités chrétiennes au sein de l’Empire Ottoman.

9 Juin 1861: Création du Moutassarrifat du Mont Liban instaurant un premier système communautaire au Liban. L’administration est confiée à un gouverneur ou Moutassarrif chrétien nommé pour 3 puis 5 ans par la Sublime Porte et n’étant pas originaire du Mont Liban. Il sera assisté par un conseil représentatif de 12 membres, 7 Chrétiens et 5 Musulmans. Seront nommés:

  • Daoud Bacha, d’origine arménienne (9 juin 1861 au 9 mai 1868),
  • Franco Bacha d’origine alépine (27 juillet 1868 au 26 février 1873)
  • Rustom Bacha, d’origine italienne,  (Juillet 1973 à Mai 1883)
  • Massa Bacha d’origine albanaise, (8 mai 1883 au 29 juin 1892)
  • Naoum Bacha, d’origine alépine, (15 août 1892 à août 1902)
  • Mouzaffar Bacha, d’origine polonaise et française, (27 septembre 1902 au 29 juin 1907)
  • Youssef Franco Bacha, d’origine alépine, (8 juillet 1907 au 2 juillet 1912)
  • Yohannès Bacha Kouyoumdjian, d’origine arménienne, (20 décembre 1912 à la date de sa démission, le 5 août 1915)

Après Yohannès Bacha Kouyoumdjian, les autorités ottomanes alors en guerre aux côtés des empires d’Europe Centrale nommeront directement les gouverneurs et dissoudront le Conseil Représentatif. Cette période sera marquée par une période de terreur, d’épidémies de dysenterie et de Typhus, et de famine engendrée par un blocus des côtes par les alliés d’une part, et par les réquisitions ottomanes d’autre part. Un tiers de la population du Mont Liban principalement chrétiens décèderont alors alors que dans la capitale Beyrouth, plusieurs nationalistes libanais seront pendus par les Ottomans, le 21 août 1915, puis le 6 mai 1916, alors que le gouverneur Djemal Pacha est au pouvoir.

Le Liban passe à l’Heure Française et devient le Grand Liban

L’Etat du Grand Liban est proclamé le 1er septembre 1920 par le général Henri Joseph Eugène Gouraud, représentant l’autorité française mandataire sur la Syrie, du haut des marches de la Résidence des Pins à Beyrouth, en présence du Patriarche Maronite, Elias Hoayek à sa droite et le Mufti à sa gauche.

A partir de 1918, les troupes alliées et principalement britanniques occuperont le Mont Liban. Parmi les premières mesures prises par le Général Allenby, le rétablissement du Conseil Représentatif en Octobre 1918. La période de transition sera conduite par le Haut Commissaire François Georges Picot. Les troupes anglaises finiront par se retirer en Octobre 1919, laissant la place aux troupes françaises. Le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919 confirmera le Mandat Français du Liban. Cette période sera trouble, alors d’un côté des manifestations nationalistes arabes exigeant le rattachement du Liban au Royaume de Syrie du roi Faysal Ibn Hussein et d’un autre côté, la mise en place d’un Liban indépendant protégé par la France. La Conférence de San Remo attribuera définitivement à la France le Mandat sur le Pays des Cèdres, le 25 avril 1920 et sera ratifiée par la Société des Nations (SDN) le 24 juillet 1922.

Le Grand Liban sera proclamé le 1er septembre 1920.

Trois Haut Commissaires militaires lui succèderont

  • Le Général Maxime Weygand en 1923, contesté par les milieux musulmans libanais
  • et le Général Maxime Sarrail qui déclenchera la révolte druze.

Durant leur mission, naitront les principaux organes de ce qui deviendra l’Etat du Liban et notamment le 24 janvier 1924, la Livre Liban-Syrienne.

Suite à l’échec de l’Administration Militaire de la zone, une administration civile sera mise en place à l’initiative d’Henri de Jouvenel, avec pour objectif la Mise en Place de la Constitution Libanaise qui sera rendue officielle le 23 mai 1926. Largement inspirée de la Constitution de la IIIème République Française, tout comme cette dernière, elle limitera les pouvoirs exécutifs du Président de la République. Elle ne sera promulguée que 4 ans après, le 22 mai 1930 et sera la cause d’une grande instabilité au niveau gouvernemental.

1926, une année cruciale avec la mise en place de la Constitution Libanaise et des premières administrations publiques.

26 Mai 1926: Election de Charles Debbas à la Présidence de la République.

29 Mai 1926: Auguste Bacha Habib constitue le Premier Gouvernement Libanais. Il comptera 7 membres donc 2 Maronites, 1 Sunnite, 1 Chiite, 1 Druze, 1 Grec-orthodoxe et 1 Grec-catholique. Le 29 Mai, également, sera mis en place le Sénat Libanais présidé par Mohammed el Jisr.

Octobre 1926: Est adopté l’Hymne National Libanais.

1927-1933: le début de l’instabilité

Henri Ponsot succède à Henri de Jouvenel le 26 Août 1926. Son arrivée sera marquée par une instabilité politique avec la succession de 6 gouvernements de 1927 à 1933. Il sera à l’origine de la suppression du Sénat en 1927.

5 mai 1927: Premier gouvernement de Béchara Khoury

5 janvier 1928: Deuxième gouvernement de Béchara Khoury

19 août 1928: Le gouvernement de Habib es Saad est mis en place.

23 Mars 1929: Réélection de Charles Debbas pour 3 ans supplémentaires

8 Mai 1929: Amendement de la Constitution portant le Mandat Présidentiel à 6 années.

10 mai 1929: 3ème gouvernement de Béchara Khoury

12 Octobre 1929: Premier gouvernement d’Emile Eddé

3 février 1930: Décret loi établissant le découpage administratif en 5 Mohafazat (Beyrouth, Mont Liban, Békaa, Sus Liban et Liban Nord) et 18 subdivisions en Caza.

25 mars 1930: Auguste Adib Pacha devient Premier Ministre

Henri Ponsot suspend la Constitution Libanaise alors qu’un Musulman, Mohammed el Jisr, soutenu par des députés Chrétiens, pourrait arriver à la Présidence de la République. Il investit Charles Debbas des pleins pouvoirs.

La Constitution Libanaise sera rétablie d’abord partiellement le 2 janvier 1934 puis totalement le 24 janvier 1937, pour être à nouveau suspendue le 21 septembre 1939 en raison de la Deuxième Guerre Mondiale. Entretemps, des élections générales auront lieu le 20 janvier 1934 et Emile Eddé sera élu Président de la République Libanaise, le 20 janvier 1936.

Le 13 novembre, sera signé le Traité Franco-Libanais qui stipule l’accession à l’Indépendance dans un délai de 3 ans. Ce dernier sera dénoncé par des personnalités sunnites réunies au Congrès dit du Sahel qui réclament le rattachement du Liban à la Syrie. Le texte du Traité stipule une coordination entre les 2 pays sur le plan de la politique étrangère et de la défense tout en établissant les relations diplomatiques. La France s’engage à protéger le Liban et le Pays des Cèdres à accepter la présence de troupes françaises sans limitation de durée ou d’effectif et cela pour les 25 prochaines années.

Des troubles intercommunautaires éclatent à Beyrouth et à Tripoli, ce qui amènera à la naissance des embryons des milices libanaises de la guerre civile de 1975. Il ne sera finalement pas ratifié tant du coté libanais que du coté français.

Ces mouvements seront dissous par le Gouvernement de Kheireddine Ahdab, Premier Premier Ministre Musulman du Liban, sur décision en date du 18 novembre 1937 du Ministre de l’Intérieur, Habib Abi Chahla.

La Livre Libanaise sera créée le 29 mai 1937.

Le Liban dans la tourmente de la Deuxième Guerre Mondiale marche vers son indépendance

Suite à l’invasion de la Pologne par l’Allemagne Nazi le 1er septembre 1939, Gabriel Puaux, gouverneur français, annonce la suspension de la Constitution le 21 septembre 1939, alors que le Liban est présidé par Emile Eddé. Ce dernier restera chef de l’état et sera accompagné d’un secrétaire d’Etat, Abdallah Bayhum pour l’aider.

Alors que le Maréchal Pétain signera l’Armistice le 22 juin 1940, le Général Mittelhauser, pourtant favorable à la poursuite de la lutte contre le Régime Hitlerien, annoncera la fin des hostilités au Levant le 28 juin. Henri Ferdinand Dentz, nommé par le Régime de Vichy, succède à Gabriel Puaux.

Déjà éprouvé par la Première Guerre Mondiale, la population libanaise craint alors qu’une nouvelle famine ne s’installe alors que les prix des principales matières premières flambent et que les stocks de nourriture s’amenuisent. Des troubles touchent alors Beyrouth et les principales villes du Pays.

Ferdinand Dentz poussera alors Emile Eddé à la démission et le remplacement par Alfred Naccache

 9 avril 1941: Alfred Naccache devient Chef de l’Etat en remplacement du Président de la République Emile Eddé démissionnaire depuis le 4 avril.

8 juin 1941: Les troupes de la France Libre soutenues par les troupes britanniques prennent le contrôle du Liban en réaction à l’utilisation par l’Allemagne d’infrastructures militaires en Syrie et au Liban contre les britanniques basés en Irak. Le Général Catroux aboli le Mandat et proclame l’Indépendance du Liban avant d’être désigné Délégué Général de la France Libre au Levat le 26 juin.

12 Juillet 1941: Le Général Ferdinand Dentz accepte le cessez-le-feu et signera 2 jours après l’armistice.

26 novembre 1941: Alfred Naccache, précédemment chef de l’Etat est proclamé Président de la République.

1941

Les combats entre Forces de la France Libre soutenues par les troupes anglaises contre les hommes restés fidèles au régime de Vichy, tels que présentés par la propagande vichyste.

Le 25 décembre, le Patriarche Arida, devant les délégations de l’ensemble des communautés libanaises appelle à l’indépendance totale du Liban. Le Général Catroux refuse, estimant prématuré cette indépendance tant que dure la IIème Guerre Mondiale. En août 1942, le Général de Gaulle alors en déplacement au Liban dénonce les ingérences étrangères et estime impossible la tenue d’élection législatives tant que durera le conflit.

Le 24 janvier 1943, le Général Catroux rétablie la Constitution Libanaise, nomme Ayoub Tabet nouveau président de la République et décide de l’organisation d’élections législatives dans les 3 prochains mois. Il sera ensuite remplacé par Jean Helleu. Ce dernier démettra Ayoub Tabet pour le remplacer par Petro Trad.

Béchara Khoury, Premier Président du Liban

Un nouveau parlement sera alors élu, qui élira à son tour Béchara Khoury Président de la République Libanaise, le 21 septembre 1943. Cette même chambre annulera les articles constitutions relatifs au Mandat Français le 8 novembre. Le gouverneur Helleu réplique en arrêtant les dirigeants libanais dont le président de la République Béchara Khoury et du Premier Ministre Riad el Solh et des membres du gouvernement. Ils seront transférés à la citadelle de Rachaya.

Toujours le 11 novembre, 7 parlementaires (Maroun Kanaan, député du Liban Sud; Henri Pharaon, député de la Béqaa; Saadi Mounia, député du Liban Nord; Mohamad al-Fadl, député du Liban Sud; Saeb Salam, député de Beyrouth; Rachid Beydoun, député du Liban Sud; Sabri Hamadé, président de la Chambre et Khalil Takieddine, secrétaire général du Parlement) s’introduisent dans le parlement en dépit d’un blocus des Forces de l’Ordre et adoptent le drapeau Libanais.

Le Président de la République et son gouvernement ne seront libérés que le 22 novembre suite à un ultimatum britannique en leur faveur. C’est à cette date qu’on célébrera désormais l’Indépendance du Liban.

Suite à cette crise, le Général Beynet, qui remplace Jean Helleu désavoué, rendra au Gouvernement Libanais la plupart de ses attributions. Le 20 décembre 1943, seront remis les administrations et les services d’intérêts communs. Le Président de la République Béchara Khoury, soucieux de marquer la fin du Mandat Français créera les ministères des Affaires Etrangères et de la Défense et fera adhérer le Pays des Cèdres à la Ligue Arabe en octobre 1944 comme membre fondateur.

La Marche des Femmes, lors de l'indépendance du Liban, le 12 novembre 1943
La Marche des Femmes, lors de l’indépendance du Liban, le 12 novembre 1943

Le 1er août 1945, sera créée l’Armée Libanaise placée sous le commandement du Général Fouad Chéhab et qui reprend les traditions des troupes du Levant.

Le traité franco-britannique du 13 décembre 1945 décide du départ des troupes françaises et britanniques du Liban. Les dernières troupes quittent Beyrouth le 7 avril 1946. Ainsi s’achèvent, par plusieurs événements dramatiques, le mandat et la présence française au Liban et débute l’indépendance du Liban.

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