Catégorie : Jour après jour

Se couper les cheveux en 4

Enchevêtrement de câbles électriques des fameux "moteurs privés" sur un poteau de l'EDL.Deir el Kamar, © Francois el Bacha. Tous droits réservés.
Enchevêtrement de câbles électriques des fameux "moteurs privés" sur un poteau de l'EDL.Deir el Kamar, © Francois el Bacha. Tous droits réservés.

Il est loin le temps ou des jeunes filles s’occupaient de moi en France, femmes aux blouses légères qui laissaient fantasmer l’adolescent que j’étais. Aujourd’hui mon coiffeur est moins jeune et plus velu, qui a dû en voir du pays et des histoires ou anecdotes racontées par le simple quidam à la célébrité locale, en réalité décérébrée. Moi, ce que je préfère, c’est mon silence, pesant certes mais c’est un moment de détente, à entendre discuter les autres des affaires du Pays. Ils se remémorent leurs gloires passées au travers d’anecdotes, on dirait qu’ils ont inventé la poudre au sens figuré et même parfois au sens propre, Liban oblige, histoires de guerre, de combattants de la vie…

Mon coiffeur – Joe – se croit important, normal, il voyage à Monaco, coiffer un richissime libanais, milliardaire de son état, en vue, il lui envoie même son avion privé et profite, le temps d’un weekend, des coulisses d’une pseudo-cour, en réalité des miracles – il est bien éloigné de la réalité quotidienne pour un temps. Là-bas, pas de problèmes d’électricité, le séchoir marche à temps plein, aucune interruption à prévoir, le brushing tombera bien.

Une vie de Pintades à Beyrouth

Avec Les Pintades à Beyrouth, Muriel Rozelier aborde les tabous et autres genre de non-dits de la société libanaise et plus spécifiquement de sa partie féminine. Politique, communautés, divorces, enfants, amants, maris, tout passe au crible avec humour. On ne peut rater les descriptions acides et drôles de certains spécimens natives du Pays des Cèdres comme May Chidiac, mais également des inconnues Nadia, Nada et autre Yasmine etc… et leurs aventures au sein des différentes communautés libanaises, maronites, sunnites et chiites ainsi que des imprévus infligées par nos bonnes autochtones aux étrangères – généralement françaises dans le recueil – dont une ira jusqu’à quitter le Liban afin de sauver son foyer.

Muriel Rozelier nous livre ici un ouvrage d’une réalité avec un certain humour, faisant oublier justement la gravité de certaines situations, divorces, adultère, art de la séduction de la femme orientale, concurrence avec femme européenne, pour ne pas oublier que les hommes ne sont pas en reste, avec le portrait du macho poilu, ou des différents schémas de pensée impactant la mentalité locale. Un ouvrage à lire et à relire, et qui est particulièrement destiné à celles et à ceux qui ne comprennent pas la femme libanaise, avec ses contradictions, entre l’Orient Compliqué et ses délices éclectiques, à l’exemple des bonnes adresses insérées comme celles de Hammam à Beyrouth même, chose que bien des habitants ont oublié ou l’Histoire du sucre caramélisé pour l’épilation, un art oublié au profit des techniques plus modernes mais dont on redécouvre avec elle, les avantages, inconvénient et préjugés, l’auteur ayant joué un véritable rôle de journaliste d’investigation, voulant aller jusqu’à essayer par elle-même les différentes expériences décrites.