Liban/Patrimoine: Sur les pas de Sainte Rafqa

Le Monastère St Joseph, situé dans les hauteurs de Batroun,  au pied du Mont Jrabta, au Nord du Liban, héberge la tombe de Sainte Rafqa. Elle est considérée comme étant la première Sainte Libanaise, même si d’autres saintes ont précédemment vécu au Pays des Cèdres comme Sainte Barbe.

Un nouveau complexe est actuellement mis en place au sein de ce monastère. Le Patriarche maronite, Bechara Boutros Rahi, a ainsi posé, fin juin 2018, la première pierre d’un sanctuaire maronite dédié à Sainte Rafqa. Actuellement en cours de finition, il devrait être d’ici peu achevé.  

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Ce monastère est situé entre Smar Jbeil et le couvent de Kfifane dans la région de Batroun. On y accède via une route latérale.

Le monastère se présente d’abord par un jardin où a été érigé un petit sanctuaire représentant la Sainte opérée de l’oeil par un chirurgien américain. Refusant toute anesthésie, elle y perdra son oeil, malheureusement arraché par le praticien.

On montera quelques marches, pour accéder d’abord à une petite église où ont été aménagés un jardin avec des sculptures en forme d’instruments de musique, instruments qui peuvent s’exprimer sous le vent et l’oeil bienveillante d’une statue de la Sainte.

Puis, les visiteurs arrivent enfin au Monastère proprement dit, où ont été aménagées un musée dédié à la Sainte, à proximité de sa tombe et du lieu de culte qui lui est dédié.

Une place, ombragée par des pins, est aménagée devant le Monastère avec en son sein, une statue de la Sainte.

Le Musée présente divers objets ayant appartenu à la Sainte, comme des morceaux d’habits dans une salle qui lui est dédiée, ainsi que les outils liturgiques, de tissage et autres objets utilisés jadis par les religieuses avec lesquelles elle a vécu.

La Tombe se trouve derrière une vitre. Il s’agit d’un cercueil en marbre, ouvert sur un côté par lequel on peut apercevoir un deuxième cercueil en bois.

Qui est Sainte Rafqa?

Née à Himlaya, dans le nord du Metn le 29 juin 1832, son père était Mourad Saber el-Chobok el-Rayess et sa mère Rafqa Gemayel. Elle perdra sa mère alors qu’elle n’était âgée que de 7 ans et en 1843, son père l’enverra servir comme aide à Damas, auprès d’Assad Badawi, une personne originaire du Mont-Liban.

Elle n’en reviendra qu’en 1847, constatant qu’en son absence, son père s’était remarié. Sa tante envisageait alors de lui faire faire épouser son cousin, alors que sa belle mère souhaitait l’unir à son frère.

L’appel de Dieu

Face à ces situations, étant déjà très croyante, celle qui deviendra Sainte Rafqa décidera d’entamer une carrière religieuse, auprès d’abord, de la Congrégation de la Vierge Marie entre 1859 et 1871, également appelée Mariamettes, récemment fondée par le Père Joseph Gemayel et ce, en dépit de l’opposition de son père.

Alors qu’elle se trouvait à Notre Dame de la Délivrance de Bikfaya pour devenir une soeur, accompagnée de 2 autres femme, elle entendra un appel à sa vocation. Tout juste entrée dans l’église, elle senti une profonde joie et entendit la voix de Dieu: « Tu deviendras une soeur ».

Elle résistera aux différentes tentatives pour la ramener au foyer familial.

Elle étudiera la langue arabe, la calligraphie et le calcul. Durant son séjour, la future Sainte sera également envoyée dans des missions d’évangélisation à Deir el Qamar où elle enseignera le catéchisme aux jeunes villageois de la région. C’est justement durant cette époque, que des massacres contre les chrétiens seront commis par les druzes. Témoin de ces massacres, elle réussit à sauver un enfant des massacres commis en le cachant sous ses vêtements.

Puis, le 19 mars 1861, elle deviendra novice avant de présenter ses voeux, le 19 mars 1862 au Monastère de Ghazir, alors géré par les Jésuites. Elle sera d’abord désignée comme cuisinière avant de devenir institutrice, et dès 1863, et d’être transférée dans une école de filles dans la région de Byblos.

Sainte Rafqa arrivera, un an plus tard, en 1864, à Maad, toujours dans la région de Byblos, sur demande d’Antoun Issa, elle fondera une école en compagnie d’une autre religieuse durant 7 ans.

Sainte Rafqa au sein de l’Ordre Libanais Maronite

Après la dissolution de sa congrégation en 1871, appelant Dieu à la conseiller, Sainte Rafqa eu une vision durant un rêve avec la présence de St. George, St. Simon, et de St. Antoine le Grand, la conseillant de devenir nonne auprès de l’Ordre Libanais Maronite,

C’est avec l’aide d’Antoun Issa qu’elle sera acceptée au sein du Couvent Saint Simon al Qarn dans la localité d’Aito au Nord du Liban. Elle y redeviendra novice, le 12 juillet 1871, présentera ses voeux le 25 aout 1872 et adoptera le nom de Rafqa, du nom de sa mère.

Sainte Rafqa passera 26 ans au sein de ce couvent.

En octobre 1885, selon les récits d’alors, elle demandera à Dieu de ressentir des douleurs divines. C’est alors qu’elle ressentira d’immenses douleur à la tête et au niveau des yeux. Les différents traitements échoueront et Sainte Rafqa sera envoyée à Beyrouth pour y être soignée.
Sur son chemin, elle passera en la cathédrale Saint Jean Marc de Byblos où elle y rencontrera un praticien américain. Il lui retirera, par erreur, l’oeil en essayant de la soigner.

Ses douleurs, cependant, se propageront à l’oeil gauche.

Après de nombreuses années, en 1897, l’Ordre Libanais Maronite décidera de construire un nouveau couvent – le couvent St Joseph – à Jrabta, non loin de celui de Kfifane, dans les hauteurs de Batroun. C’est en compagnie de 6 autres soeurs et menée par Soeur Ursula Doumit que Sainte Rafqa fera partie des fondatrices

Sainte Rafqa deviendra totalement aveugle en 1899, souffrant d’immenses douleurs dans tout le corps.

Décédée, le 23 mars 1914, Sainte Rafqa sera enterrée au cimetière du Monastère qu’elle a fondé.

Enterrée au cimetière du monastère Saint Joseph de Jrabta qu’elle a contribué à fonder, une lumière décrite par les témoins comme étant « splendide » apparut sur son tombeau pour deux nuits consécutives.

Le 10 juillet 1927, sa dépouille sera transférée dans une autre tombe, située à proximité de l’église.

Son procès en béatification débutera le 23 décembre 1925, et le début du procès, le 16 may 1926. Il reviendra au Saint Pape Jean Paul II de la déclarer comme vénérable, le 11 février 1982, puis il la béatifiera le 17 novembre 1985. Sainte Rafqa sera déclarée comme étant un modèle de rôle dans l’adoration de l’Eucharistie au jubilé de l’an 2000, puis sanctifiée pour toute l’église le 10 juin 2001.

Elle est célébrée le 23 mars.

Comment s’y rendre

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