Omar Sharif, un acteur d'origine libanaise

L’acteur égyptien d’origine libanaise par son père et syrienne par sa mère, Omar Sharif, de son vrai nom, Michel Demitri Chalhoub est décédé le vendredi 10 juillet 2015 au Caire, d’une crise cardiaque.

Né à Alexandrie, en 1932 d’une famille grec-catholique originaire de Zahlé, dans la plaine de la Békaa, la famille d’Omar Sharif était venu s’installer en Egypte au début du XXème siècle.

Avant de devenir acteur, il obtiendra de l’Université du Caire un diplôme de mathématiques et de physique avant de travailler au sein de l’entreprise familiale. Il se rendra ensuite en Angleterre pour y étudier le métier d’acteur à la prestigieuse Royal Academy of Dramatic Art de Londres.

Extraits de films d’Omar Sharif en compagnie de sa future épouse, Faten Hamama. Siraa Fil-Wadi de Youssef Chahine, 02:18 La Anam de Salah Abouseif et 02:42 Siraa Fil-Mina de Youssef Chahine

Revenu en Égypte, Omar Sharif s’est converti à la religion musulmane en 1955 afin de pouvoir convoler avec l’actrice égyptienne Faten Hamama rencontrée lors du tournage du Démon du Désert en 1954 et dont il se sépare en 1966. Ils divorceront en 1974. De ce mariage, il aura un fils Tarek.

Cela ne l’empêchera pas d’avoir ensuite différentes idylles avec des femmes plus ou moins connues, notamment Yolanda Gigliotti, Miss Egypte et future Dalida, Ingrid Bergman, Barbra Streisand ou Ava Gardner.

Une carrière qui débute avec sa découverte par Youssef Chahine

Découvert par le cinéaste Youssef Chahine, il commencera donc sa carrière avec le film intitulé Le démon du désert en 1954. Puis en 1956, il enchaînera avec Les Eaux noires, toujours de Youssef Chahine, qui, présenté au festival international de Cannes, lui permettra d’accéder au rang de star internationale. Son don pour les langues étrangères, est déjà remarqué lors de ses études à l’Université.

Une star locale devenue star internationale

En 1962, c’est avec l’épopée de Laurence D’Arabie, de David Lean, aux côtés de Peter O’Toole, qu’il confirmera ce statut, obtenant le Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle en 1963 et une nomination pour l’Oscar du Meilleur Second Rôle, la même année. Se suivront alors de nombreux succès, notamment Le Docteur Jivago toujours de David Lean, où il incarnera le rôle principal (Golden Globes du meilleur acteur dans un drame en 1966), jusqu’à son dernier film sur grand écran, en 2012 avec Rock the Casbah de Laïla Marrakchi pour lequel il devient Moulay Hassan.

Artiste complet, il est également présent sur le petit écran, avec, en 1973, L’Île mystérieuse de Juan Antonio Bardem où il est Le Capitaine Nemo, et Pierre le Grand, de Marvin J. Chomsky en 1986.

Parmi ses passions, le bridge pour lequel il figurait parmi les 50 meilleurs joueurs au Monde. Il sera vice-champion de France en 1971, puis vice-champion d’Europe seniors par équipe en 1999 à Malte avec l’équipe de France.

Il cessera de jouer au Bridge en 2000, estimant que cette passion est devenue une addiction.

Il prendra part aux courses de chevaux notamment en France comme propriétaire émérite. Son cheval Don Bosco remportera plusieurs courses dont les prix Perth ou  Guillaume d’Ornano sur son hippodrome de Deauville.

Mais aussi, une action politique

Proche du Roi Farouk, qui venait souvent au domicile de ses parents jouer au carte avec sa mère, Omar Sharif s’opposera au gouvernement de Gamal Nasser en raison des restrictions de voyage dont il souffrira. Ainsi, il ne pourra pas se rendre à un certain nombre de festivals cinématographiques avant de décider de vivre en Europe. Ce sera l’une des principales causes de son divorce avec son épouse égyptienne.

De même, il sera durement critiqué par les autorités égyptiennes pour sa liaison avec Barbra Streisand, en raison de sa religion juive et qui soutenait ardemment l’état d’Israël alors en guerre contre l’Égypte. La nationalité Égyptienne d’Omar Sharif risquera même de lui être retirée, risquant de faire de lui, un apatride.

Il soutiendra la révolution égyptienne de 2011, estimant que 30 ans au pouvoir pour le Président d’alors, Hosni Moubarak, sont suffisants.

Au Liban, on se souviendra notamment de son rôle lors du siège par les forces syriennes de la ville de Zahlé durant la guerre civile, entre décembre 1980 et juin 1981, appelant la communauté internationale à agir afin de permettre la levée du blocus imposée à la localité.

Revenu vivre à la fin de sa vie au Caire, ayant déjà subi dans les années 1990 un triple pontage au coeur en raison d’une crise cardiaque, son fils unique annoncera en 2015 qu’Omar Sharif est atteint de la Maladie d’Alzheimer. Il décèdera à l’âge de 83 ans, 6 mois après la mort de son ancienne épouse.