Solidarité libanaise à la cause palestinienne mais pas à tout prix

La reconnaissance américaine du statut de Jérusalem comme étant la capitale d’Israël a provoqué un vif émoi au sein des Pays Arabes mais aussi plus particulièrement et plus honnêtement au Pays des Cèdres. Le Liban est, en effet, l’un des rares pays à pouvoir se prévaloir d’une réelle solidarité avec la cause palestinienne quelque soit l’appartenance politique de sa population.

Nous nous souvenons tous de Fayrouz chanter les malheurs du Liban avec Li Beirut mais également Fayrouz chanter Jérusalem avec la même sensibilité. Après tout, nous partageons bien d’autres choses avec cet autre peuple du Levant.

Avec la présence de plus de 400 000 réfugiés palestiniens présents sur son sol, répartis officiellement dans 12 camps, souvent là depuis 1948, la structure libanaise interdit tout processus de naturalisation ou d’implantation sans risque de déséquilibre socio-économique, politique et donc sécuritaire comme on a déjà pu le voir avec les soubresauts de la crise de 1958 puis de 1975 à 1990.

Qu’on soit panarabiste, islamiste, nationaliste libanais ou chrétien, nous avons tous intérêt au retour des réfugiés palestiniens en Palestine et la création d’un état Palestinien qui ne peut-être effectif qu’avec Jérusalem comme capitale. Les Panarabes, parce qu’il s’agit de l’essence même de la cause arabe, les islamistes parce que Jérusalem est une ville sainte, les nationalistes libanais parce que le retour des palestiniens est une cause pour laquelle tant de sang a été versé durant la guerre civile et parce que leurs présences même, menace les équilibres politiques et démographiques libanaises, et les chrétiens, parce que les chrétiens libanais sont interdits de séjour même pour un pèlerinage en Terre Sainte.

La belle image de cette solidarité a été la projection d’une photographie de la Mosquée Al Aqsa sur la Mosquée Al Amine et du St Sépulcre sur la Cathédrale Maronite St Georges, tous deux situés au Centre-Ville de Beyrouth. De même, le spectre politique est à cet image, allant des Forces Libanaises aux groupes palestiniens, du Hezbollah au Courant du Futur, ces partis si prompts d’habitude à se quereller, sur une la base aussi risible d’une couleur, sont unis derrière cette cause du retour. Elle est belle, cette solidarité qui voit se rassembler les ennemis d’hier autour d’une cause commune au final.

Tout le monde au Liban souhaite le retour des palestiniens pour diverses raisons.

La diplomatie libanaise n’est pas en reste, alors que le Ministre des Affaires Etrangères Gébran Bassil s’est rendu au Caire pour une réunion des Ministres de la Ligue Arabe, ses positions ont contrasté avec celles plus timorées des autres pays et notamment ceux de la péninsule arabique. Il en sera probablement de même avec la prochaine visite du Président de la République – chrétien – Michel Aoun en Turquie, pour un sommet extraordinaire de l’organisations des états islamiques sur cette même question.

Le Liban adopte donc une position originale, rappelant qu’au-delà de la religion musulmane et de la question de la Mosquée Al Aqsa, Jérusalem est également la ville de toutes et de tous et nul ne peut prétendre la posséder et surtout pas Israël avec que des discussions de Paix aient lieu pour décider de son avenir.

Nous ne pouvons pas en dire autant des autres pays arabes, dont certains semblent plus focalisés sur l’Iran et leur conflit millénaires enter chiites et sunnites que la cause de leurs frères arabes. Une délégation Bahreïnite s’est même rendue visiter l’Etat Hébreu, alors que le Premier Ministre Israélien déclare publiquement que de nombreux états arabes, sous le sceau du secret entretiennent déjà des relations poussées avec cet état et tout pousse à le croire. Ils vivent encore dans leurs tours d’ivoire au lieu des soucier comme nous de l’avenir de la région, parce qu’en fin de compte, ce n’est pas leur région. Nous sommes des Levantins.

Quel contraste entre la manifestation de dimanche menée par personnes qui ne sont que des casseurs en fin de compte par rapport à celle d’aujourd’hui.

La route de Jérusalem ne passe plus par Jounieh, n’en déplaise à ces casseurs de la manifestation du 10 décembre. Ils prennent le risque inconsidéré de nuire à la cause qu’ils prétendre défendre en s’attaquant à notre Armée, à nos forces de l’ordre et de sécurité, à ces gens qui pourtant, contre vent et marée les protègent des attaques israéliennes aussi. Notre Armée Libanaise les protègent des agressions de Tsahal et on s’attaquant à elle, c’est un coup de poignard dans le dos qu’ils nous infligent… une nouvelle fois.