Liban/Patrimoine: La place des Martyrs de Beyrouth, capitale du Liban (Vidéo)

Place des Martyrs pour certains, place des Canons pour d’autres, place principale de Beyrouth. Elle porte aujourd’hui ce nom en souvenir des nationalistes libanais pendus par les Ottomans le 6 mai 1916. Son nom a changé au gré des époques.

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Emplacement d’une première forteresse construite par l’Emir Fakhr al-Din, d’ou son premier nom, Place de la Tour, elle deviendra, sous l’impulsion du Gouverneur Ottoman Djezzar Pacha, la place des Canons suite à l’aménagement de structures défensives. Divisée par la guerre civile de 1975, elle réunira également les Libanais à son insu.

Ces lieux ont donc toujours eu une place particulière au Liban, un lieu de rassemblement au-delà des appartenances communautaires, un lieu symbolique ou descendent les Libanais pour manifester.

A l’image de ces martyrs criblés de balles, elle reste aujourd’hui une plaie dans la ville comme beaucoup le disent, un lieu ou l’aménagement n’a pas encore été effectué en dépit des 26 années qui nous séparent de la fin de la guerre civile.

Le lieu de tournage d’un des plus vieux enregistrements animés du Monde

Parmi les plus vieux enregistrements vidéos au monde, celui de Beyrouth, cette échelle du Levant figure en bonne place. Tournée juste une année après l’invention du cinéma par les Frères Lumières, cet enregistrement est l’oeuvre de Jean Alexandre Louis Promio, né le 9 juillet 1868 à Lyon et décédé le 24 décembre 1926 à Asnières-sur-Seine, opérateur de vues photographiques animées, telles qu’on les appelaient à l’époque.

Il a en effet effectué, à la demande des Frères Lumières, un tour du Monde entre Juin 1896 et septembre 1897 pour alimenter le catalogue des vues photographiques animées de cette maison.

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Beyrouth, lieu de tournage d’un des plus vieux enregistrements animés au Monde

L’escale de Promio à Beyrouth, les premières scènes animées de la Place des Canons

À une de ses escales, c’est à Beyrouth qu’il descendra, pour filmer la vie de la place des Canons, telle qu’on l’appelait à cette époque, avec en arrière plan, la Cathédrale Maronite St Georges et le fameux Ahwat al Izaz, construit sur l’emplacement aujourd’hui de la Grande Mosquée de Beyrouth. Au premier plan, le passade des piétons et des calèches.

On s’imaginerait bien voir le fameux Abou Abed, figure devenue quasi-légendaire des lieux mais qui a effectivement existé, passer devant l’objectif et être immortalisé sur cette pellicule.

Parmi les autres pays visités, l’Espagne tout d’abord, puis l’Algérie, le Panama. Après Beyrouth, Alexandre Promio se rendra également en Egypte en 1897 et à Jérusalem.

La bande originale de ce film a été récemment restauré par les Archives françaises du film du CNC et est consultable au CNC à la BnF (Paris) ; Bois d’Arcy (Yvelines).

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Liban/Histoire: Qui est Sainte Rafqa?

Née à Himlaya, dans le nord du Metn le 29 juin 1832, son père était Mourad Saber el-Chobok el-Rayess et sa mère Rafqa Gemayel. Elle perdra sa mère alors qu’elle n’était âgée que de 7 ans et en 1843, son père l’enverra servir comme aide à Damas, auprès d’Assad Badawi, une personne originaire du Mont-Liban.

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Elle n’en reviendra qu’en 1847, constatant qu’en son absence, son père s’était remarié. Sa tante envisageait alors de lui faire faire épouser son cousin, alors que sa belle mère souhaitait l’unir à son frère.

L’appel de Dieu

Face à ces situations, étant déjà très croyante, celle qui deviendra Sainte Rafqa décidera d’entamer une carrière religieuse, auprès d’abord, de la Congrégation de la Vierge Marie entre 1859 et 1871, également appelée Mariamettes, récemment fondée par le Père Joseph Gemayel et ce, en dépit de l’opposition de son père.

Alors qu’elle se trouvait à Notre Dame de la Délivrance de Bikfaya pour devenir une soeur, accompagnée de 2 autres femme, elle entendra un appel à sa vocation. Tout juste entrée dans l’église, elle senti une profonde joie et entendit la voix de Dieu: « Tu deviendras une soeur ».

Elle résistera aux différentes tentatives pour la ramener au foyer familial.

Elle étudiera la langue arabe, la calligraphie et le calcul. Durant son séjour, la future Sainte sera également envoyé dans des missions d’évangélisation à Deir el Qamar où elle enseignera le catéchisme aux jeunes villageois de la région. C’est justement durant cette époque, que des massacres contre les chrétiens seront commis par les druzes. Témoin de ces massacres, elle réussit à sauver un enfant des massacres commis en le cachant sous ses vêtements.

Puis, le 19 mars 1861, elle deviendra novice avant de présenter ses voeux, le 19 mars 1862 au Monastère de Ghazir, alors géré par les Jésuites. Elle sera d’abord désignée comme cuisinière avant de devenir institutrice, et dès 1863, et d’être transférée dans une école de filles dans la région de Byblos.

Sainte Rafqa arrivera, un an plus tard, en 1864, à Maad, toujours dans la région de Byblos, sur demande d’Antoun Issa, elle fondera une école en compagnie d’une autre religieuse durant 7 ans.

Sainte Rafqa au sein de l’Ordre Libanais Maronite

Après la dissolution de sa congrégation en 1871, appelant Dieu à la conseiller, Sainte Rafqa eu une vision durant un rêve avec la présence de Saint Georges, Saint Simon, et de Saint Antoine le Grand, la conseillant de devenir nonne auprès de l’Ordre des Moines maronite,

C’est avec l’aide d’Antoun Issa qu’elle sera acceptée au sein du Couvent Saint Simon al Qarn dans la localité d’Aito au Nord du Liban. Elle y redeviendra novice, le 12 juillet 1871, présentera ses voeux le 25 aout 1872 et adoptera le nom de Rafqa, du nom de sa mère.

Sainte Rafqa passera 26 ans au sein de ce couvent.

En octobre 1885, selon les récits d’alors, elle demandera à Dieu de ressentir des douleurs divines. C’est alors qu’elle ressentira d’immenses douleur à la tête et au niveau des yeux. Les différents traitements échoueront et Sainte Rafqa sera envoyée à Beyrouth pour y être soignée.
Sur son chemin, elle passera en la cathédrale Saint Jean Marc de Byblos où elle y rencontrera un praticien américain. Il lui retirera, par erreur, l’oeil en essayant de la soigner.

Ses douleurs, cependant, se propageront à l’oeil gauche.

Après de nombreuses années, en 1897, l’Ordre Libanais Maronite décidera de construire un nouveau couvent – le couvent St Joseph – à Jrabta, non loin de celui de Kfifane, dans les hauteurs de Batroun. C’est en compagnie de 6 autres soeurs et menée par Soeur Ursula Doumit que Sainte Rafqa fera partie des fondatrices

Sainte Rafqa deviendra totalement aveugle en 1899, souffrant d’immenses douleurs dans tout le corps.

Décédée, le 23 mars 1914, Sainte Rafqa sera enterrée au cimetière du Monastère qu’elle a fondé.

Enterrée au cimetière du monastère Saint Joseph-Jrabta, une lumière décrite par les témoins comme étant « splendide » apparut sur son tombeau pour deux nuits consécutives.

Le 10 juillet 1927, sa dépouille sera transférée dans une autre tombe, située à proximité de l’église.

Son procès en béatification débutera le 23 décembre 1925, et le début du procès, le 16 may 1926. Il reviendra au Saint Pape Jean Paul II de la déclarer comme vénérable, le 11 février 1982, puis il la béatifiera le 17 novembre 1985. Sainte Rafqa sera déclarée comme étant un modèle de rôle dans l’adoration de l’Eucharistie au jubilé de l’an 2000, puis sanctifiée pour toute l’église le 10 juin 2001.

Elle est célébrée chaque 23 mars.

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Liban/Patrimoine: La citadelle de Rachaya ou la citadelle de l'indépendance

Située dans la localité et le caza homonymes au coeur de la vallée « Wadi Taym »  dans la partie méridionale de la chaîne de montagnes de l’Anti-Liban, à environ 84 km au Sud Ouest de Beyrouth et tout juste à 10 km des frontières avec la Syrie, la citadelle de Rachaya dont les origines seraient plus anciennes – Cananéennes, Greco-Romaines, Arabes, mais également Croisées – était à l’origine, dans sa configuration actuelle, un Palais construit par les Emirs Chéhab au XVIIIème siècle.

La citadelle située à 1400 mètres d’attitude, s’étend sur une superficie de 8000 mètres carrés. Seules quelques pierres qu’on peut encore voir dans ses soubassements aujourd’hui remonteraient à la période croisée de la construction. Les croisés avaient en effet aménagé une tour reprenant les fondations de vestiges romaines dans le but de se défendre contre les armées arabes. Des sources locales prétendent qu’une galerie souterraine de 1500m de longueur, lierait la citadelle à la localité de Ain Mry près du triangle Aqba-Bkifa.

Petit à petit, transformée en place forte en raison de son emplacement stratégie au pied du Mont Hermon également appelé Jabal al Cheikh, et malgré son éloignement de la capitale libanaise, la citadelle sera appelée à jouer un grand rôle dans deux moments clés de l’Histoire Moderne de la Nation, à savoir la Grande Révolte Druze et l’Indépendance du Liban.

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La Grande Révolte Druze

Occupant les lieux à partir de 1920, les troupes françaises, présentes en conformité avec le Mandat établi par la Société des Nations, eurent à faire faire aux rebelles druzes dirigés par Zayd al-Atrash, durant 4 jours, du 20 au 24 novembre 1925, qui s’étaient repliés dans la région après la reprise de Damas. 3000 combattants druzes feront ainsi face au 4e escadron du 1er régiment étranger de cavalerie (1er REC) de la Légion étrangère, fort d’une centaine d’hommes et commandé par le capitaine Landriau.

L’objectif de l’opération rebelle était de constituer un pont entre régions druzes libanaises et syriennes et ainsi couper les communications de l’Armée Françaises entre le littoral et l’arrière-pays. La Grande Révolte Druze risquait également de se transformer en conflit sectaire opposant ces derniers aux chrétiens suite à la prise de la localité de Marjayoun ou des massacres de maronites s’était produits. Pour y faire face, les troupes du Levant transformeront la citadelle de Rachaya en base d’opération.

Dès le 20 novembre, profitant de la tombée de la nuit, les rebelles s’infiltrèrent dans la défense mise en place par les troupes française et se saisirent d’une partie de la forteresse pour en être repoussés. De violents combats s’ensuivirent dans l’enceinte de la forteresse pendant les 3 jours suivant, jusqu’à ce qu’une charge à la baïonnette française oblige les rebelles à se replier à l’extérieur.

Au bout de ces 3 jours, à court de munitions, le capitane Landriau décida de « faire Camerone » en lançant un ultime assaut afin de tenter de briser l’encerclement. Avant que Landriau ne puisse lancer sa charge, l’aviation française arriva pour bombarder les rebelles rassemblés autour de la forteresse et l’unité fut renforcée par l’arrivée d’une première colonne de secours du 6e régiment de Spahis puis une seconde colonne du 21e régiment de tirailleurs algériens. On dénombra plus de 400 morts chez les rebelles (et au moins 34 blessés) pour 58 tués et blessés, coté troupes du Levant. Par la suite, les forces de Zayd al Atrash se replièrent dans les montagnes de l’Anti-Liban.

L’Indépendance du Liban

Episode plus connu dans l’Histoire moderne du Liban, la citadelle de Rachaya servi aussi de prison sur décision du  Commissaire Jean Helleu, pour les dirigeants libanais qui avaient proclamé l’Indépendance du Liban le 11 novembre 1943.

Parmi les prisonniers internés, le député Béchara el Khoury qui deviendra le premier Président de la République Libanaise, le Président du Conseil, Riad el Solh et le Président de la Chambre, Adel Ousseyran, ainsi que d’autres personnalités de l’époque dont Camille Chamoun, Abdel Hamid Karamé et Salim Takla.

Ces arrestations provoqueront d’importantes manifestations dont l’objectif était d’obtenir leur libération. Ces manifestations aboutiront et la France acceptera d’accorder l’Indépendance au Liban le 22 novembre 1943.

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