S’exprimant lors d’une interview diffusée par la chaine de télévision France24, le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé a quelque peu changé son discours public pour plus de franchises.
Lire également
Avant, « tout allait bien et on vivait dans le meilleur des mondes », Riad Salamé a été un peu plus réaliste en décrivant les causes de la crise économique qu’il attribue aux crises politiques mais aussi et surtout à l’augmentation des salaires et à la présence des réfugiés syriens, ce que je soulignait, il y a déjà plusieurs années pour celles et ceux qui me suivent depuis un certain temps.
Allons, faute avouée, faute à moitié pardonnée …
La politique monétaire conduite à ce sujet n’a pas aidé, comme par exemple que l’augmentation des salaires aurait pu être et aurait dû être compensée par une dévaluation de la livre libanaise d’ailleurs accompagnée par un contrôle des marges des importateurs et des agences exclusives par exemple pour garder un pouvoir d’achat équivalent. Mais passons à ce sujet, saluons pour une fois la franchise même si elle est tardive et trop tardive…
À noter qu’il estime qu’il y peut-être complot vu les rapports économiques publiés jour après jour qui sont mauvais, mais sur ce point, il faudrait également admettre que cela est induit par la politique économique et monétaire dont il a lui-même exposé les facteurs…
Il n’y a aucun complot de la communauté internationale contrairement à ses déclarations mais des constances qui sont à l’économie ce qu’est la pesanteur à la physique, une constance. Nous avons violé ces lois trop longtemps, durant 25 ans, sans aucun arbitrage. Il fallait un jour que ce système fasse l’objet de correctifs qui étaient de plus en plus conséquent.
L’autre point est que le gouverneur de la Banque du Liban s’est voulu rassurant concernant une possible dévaluation ou un haircut qu’il estime anticonstitutionnel ou des faillites d’établissements bancaires et financiers. C’est son job et il le fait.
Cependant, quand on lit entre les lignes, on constate aujourd’hui qu’il n’a pas répondu sur la question de la dévaluation qui serait ou qui a eu lieu mais sur la question de différence de parité entre Livre Libanaise et dollar entre taux officieux et taux des agents de change, qui sont respectivement à 1507 LL pour un dollar et plus de 2000 LL pour un dollar.
La question aurait été de savoir si cela peut être maintenu vu les réserves monétaires que tout le monde estime bas.
Autre point à lire entre les lignes, la relance de l’économie libanaise serait induite par l’aide internationale et le retour des dépôts de la clientèle libanaise. Ces 2 conditions semblent être difficiles à obtenir, le contrôle des capitaux ayant amené à ce que les déposants n’ont plus confiance et on peut au contraire s’attendre à une fuite de capitaux si ces mesures sont levées et d’autre part, l’aide internationale est sujette à certaines conditions et on reste dans l’attente du plan de réforme du gouvernement.
On dirait que le pari est de gagner du temps, en attendant une hypothétique arrivée massive de capitaux visant à préserver une parité qui n’est plus réelle aujourd’hui et d’autres fondamentaux précédents la crise économique et qui ne sont plus aujourd’hui à l’ordre du jour.
Cependant, les déposants ont besoin de confiance pour leur argent, de transparence et d’éclaircissement. Il conviendrait également de répondre au sujet du niveau des réserves monétaires nettes et aussi de ce qu’on pourrait faire si l’une des 2 conditions requises n’est pas mise en place.