Une récente étude publiée par une entreprise de consulting libanaise a indiqué que le Liban compte 5.5 millions de ressortissants libanais dont 1.3 millions résident à l’étranger. Par ailleurs, en comparaison par rapport au dernier recensement général qui a eu lieu en 1932 lors du mandat français, la proportion des différentes communautés présentes sur le territoire a évolué en faveur des communautés chiites et sunnites au détriment des communautés chrétiennes.
La question de la répartition communautaire libanaise est sujet à de nombreuses polémiques. Ainsi, s’il n’y a pas eu de recensement général depuis 1932, c’est en raison d’une possible remise en cause des équilibres politiques que les résultats d’un tel recensement poseraient.
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C’est d’ailleurs sur la base de ce recensement, lors de l’indépendance du Liban, que Béchara el Khouri et Riad el Solh, principalement, se sont entendus pour la répartition des positions politiques au sein des institutions libanaises par un accord verbal, non écrit appelé le Pacte National. Ainsi, la Présidence de la République revient à la communauté maronite, le Premier Ministre est sunnite et le Président de la Chambre est Chiite, ou encore la proportion de députés chrétiens qui constituaient jusqu’en 1990, les 2/3 de la chambre.
Les équilibres politiques, un enjeu majeur sous-jacent des équilibres démographiques
Nombreux sont ceux qui craignent qu’un nouveau recensement puisse remettre en cause ces équilibres politiques et ainsi provoquer un nouveau conflit comme celui de la guerre civile de 1975 à 1990 et qui s’est achevé par les accords de Taëf ayant remis en cause les prérogatives du Président de la République ou qui a modifié la répartition des appartenances communautaires au sein du Parlement avec un pourcentage de 50% de députés chrétiens et de 50% de députés musulmans.
Ainsi, des chiffres sont régulièrement donnés de manière non vérifiée par des responsables religieux ou encore des partis politiques pour affermir ou conserver certains avantages politiques.
L’église maronite estimait ainsi le nombre des chrétiens du Liban à hauteur de 50% de la population totale, il y a peu, contredisant les résultats des études précédentes. D’autre part, des partis politiques, comme par exemple le Hezbollah avançait le chiffre de 65 % de musulmans dont 40 % de chiites.
Egalement, se pose depuis quelques années, la question d’une possible déconfessionalisation de certains enjeux dont celui du statut civil, préalable à la mise en place d’un mariage civil. Certains activistes militent ainsi pour la reconnaissance d’une nouvelle communauté, celle des personnes n’appartenant pas aux religions officiellement reconnues au Liban.
Cette enquête peut donc constituer un élément qui pourrait amener à certains débats, voire à des crises majeures concernant la répartition des différents postes politiques au Liban, un pays où les communautés religieuses jouent encore un rôle majeur comme le démontrent les derniers débats.
Une étude principalement basée sur des chiffres estimés à partir des listes électorales
Les chiffres obtenus seraient issus des listes électorales publiées par le Ministère de l’intérieur depuis 1932 jusqu’à nos jours avec comme compléments, les projections du nombre de naissances et des décès.
Pour l’heure, les personnes ayant été déchues de leurs nationalités puisque ne se trouvant pas au Liban en 1932 ou encore le cas de ressortissants nés de mère libanaise et de père étrangers ne semblent pas être inclus dans cette étude, notamment pour des raisons techniques, puisque ne figurant pas sur les listes électorales.
Pour rappel, les autorités libanaises ont entamé une procédure visant à leur permettre, ainsi qu’à leurs descendants de retrouver la nationalité libanaise. Un projet de loi a été ainsi présenté au Parlement en 2017. Il demeure cependant pour l’heure sans suite.
Cependant, les responsables de l’enquête estiment que ces derniers pourraient représenter plusieurs millions de personnes sans donner plus de détails.
Selon d’autres chiffres disponibles, la diaspora libanaise compte entre 4 millions et 14 millions de personnes d’origine libanaise (selon la prise en compte des descendants de 1ère, de 2ème, de 3ème, voire de 4ème génération dont certains ont quitté le Pays des Cèdres dès le 19ème siècle.
Entre 1932 et 2018, dernier chiffre disponible en raison des élections électorales qui se sont tenues en mai de cette année, la population libanaise est passée de 1.1 millions de personnes à 5.5 millions de personnes, soit une augmentation de 4.4 millions soit 426% sur 86 ans.
Ainsi 76% de la population libanaise, soit 4.2 millions de personnes, résiderait au Liban et 24%, soit 1.3 millions de personnes, à l’étranger. Ces chiffres, cependant, n’indiquent pas les causes liées à cet exil.
Des changements démographiques en défaveur de la communauté chrétienne
Autrefois plus importante communauté religieuse, avec une proportion de 58,7% en 1932, le nombre de chrétiens au Liban a progressé en nombre mais a diminué en proportion par rapport au nombre total de personnes.
Ainsi, en dépit d’une augmentation de 174,5% du nombre de chrétiens au Liban, la proportion de cette communauté religieuse n’est plus que de 30.6% en 2018.
En cause notamment, l’augmentation plus rapide proportionnellement de la communauté musulmane, à hauteur de 785.1%.
Les communautés musulmanes représentaient 40% de la population totale en 1932. En 2018, la proportion de musulmans au Liban est désormais, officieusement, de 69.4%.
Plus précisément, la communauté chiite est désormais la première communauté religieuse libanaise, avec 31.6% du total de la population.
Elle est suivie de la communauté sunnite qui atteint 31.2% de la population libanaise.
La communauté chrétienne représente, selon cette étude, désormais 30.6% de la population totale.
Un autre point intéressant que note l’étude, la communauté juive libanaise a également augmenté de 20% pour atteindre le nombre de 4 805 personnes au Liban. On considère que la majorité des membres de cette communauté a quitté le Liban durant la guerre civile de 1975.
Cette augmentation est cependant la moins importante au Liban. La plus importante augmentation concernerait la communauté allaouite qui a augmenté de 1 052,7%.
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