Liban/Dossier: comment faire face à la pollution? Se protéger de la pollution de l'air

Alors que les chiffres faisant état de nombreuses maladies liées à la pollution sont publiés au Liban, il est important de la mesurer et d’envisager la prise des mesures adéquates à un niveau personnel pour y faire face face à l’incapacité des autorités publiques à se saisir de ce problème.

Selon les autorités libanaises, 6 000 cas de cancers auraient des origines environnementales, chiffre donné par l’ancien Ministre de la Santé Ghassan Hasbani en 2018, et notamment la pollution aérienne, notamment autour des régions dites industrielles comme Chékaa ou encore les zones largement impactées par la pollution d’origine automobile.

Ces chiffres auraient un impact important sur la santé de la population. Ainsi, au cours des dernières années, les personnes souffrant d’un cancer du Poumon aurait ainsi triplé selon une ONG internationale, cité par son successeur Jamil Jabak.

Concernant la pollution de l’air, plusieurs causes sont à déplorer au Liban:

  • Evidemment le trafic routier, important qui génère des particules fines. Le secteur automobile est celui qui contribue le plus aux émissions de particules fines PM10 pour lesquelles des mesures de prévention peuvent être mises en place comme le port d’un masque anti pollution. L’état malheureusement ne prend aucune des mesures appropriées via, par exemple, l’élaboration de la mise en place d’un réseau de transport en commun plus sérieux que les bus privés actuels. Sur un plan d’initiative privée, le développement du co-voiturage également pourrait être à l’ordre du jour au sein des entreprises ou des écoles. Cela n’est aujourd’hui pas à l’ordre du jour;
  • La pollution d’origine industrielle dans certaines zones fortement impactées par l’augmentation des cancers comme à Chékaa, au niveau de cimenteries ou encore à proximité des centrales de production d’électricité; Il s’agirait d’obliger les industriels ou l’EDL à munir leurs centrales de filtres. Cette chose pour l’heure n’est également pas à l’ordre du jour;
  • Le manque de civisme avec l’incendie volontaire de décharges sauvages. Selon une étude publiée en 2015, les niveaux de dioxine retrouvées à proximité de zones résidentielles étaient ainsi 416 fois plus élevés que les précédentes mesures effectuées en 2014 à proximité de zones industrielles. En cause, les incendies de décharges situées à proximité de ces zones résidentielles;
  • Des facteurs plus culturels comme le tabagisme actif ou passif avec une population locale. Plus de 30% des jeunes de 12 à 15 ans ont déjà indiqué avoir consommé du tabac. Plus grave encore, 42.9% des hommes et 27.5% des femmes en consommeraient régulièrement, sans évoquer le tabagisme passif. Il s’agit d’un des plus importants taux de la région. Toujours au niveau consommation, en moyenne, un adulte libanais fumerait 12,4 paquets par mois. 

Ces facteurs favorisent évidemment comme les cancers du poumon et d’autres maladies chroniques.

Plus de précisions

Sont plus sensibles, les personnes présentant des problèmes de santé, les enfants et les personnes âgées. En dépit du manque de mesure de la part des autorités publiques pour lutter contre cette pollution, des mesures sont parfaitement envisageables sur un plan plus individuel.

Ces conseils sont valables au Liban mais également pour les autres grandes villes et pays comme à Paris.

Mesurer la pollution de l’air qui nous entoure

À côté des trackers, existent des capteurs à usage professionnels. Ils restent cependant difficiles à appréhender pour le public. Pour cela, il existe désormais plusieurs trackers ou objets connectés wearables – portable sur soi – qui permettent de mieux connaitre le niveau de pollution autour de nous et dont la compréhension est accessible à tous.

La généralisation des mesures de ces capteurs pourrait ainsi plus sensibiliser la population libanaise à la pollution de l’air et aux différents facteurs environnementaux qu’ils affrontent chaque jour.
Peut-être que cela pourra au final changer la situation actuelle, catastrophique en terme de santé publique.

Nous avons sélectionné 2 trackers et une application.

AtmoTube, la référence américaine

Pionnier, l’entreprise américaine Atmotube a développé 3 trackers, Atmotube, Atmotube Plus et disponible depuis juin Atmotube Pro qu’on n’a pas pu tester. Ces 3 trackers montrent les mesures concernant la pollution qui nous entoure via une App disponible sur iOS et sur Android.

Une alerte est ainsi notifiée aux utilisateurs quand la pollution dépasse un niveau qu’ils auront eux-même spécifiés.

Le capteur Atmotube Plus, disponible pour seulement 99 USD, mesure différents polluants, comme l’acetone, le méthanol, les benzènes, l’éthanol, les toluène, le xylène, et différents formaldéhydes. Petits plus, il donne également la pression atmosphérique, l’humidité et l’altitude. Outre les mesures de la pollution, il s’agit d’une véritable station météo portative.

Il donne un indice de qualité de l’air sur 100 points, 1 étant le pire et 100 le meilleur. Il mesure également la concentration des composés organiques volatiles présents dans l’air.

Un bémol tout de même, cette version ne donne pas la concentration de particules fines présentes dans l’air.

L’autonomie du capteur est donné pour 1 semaine. Aucune action de la part des utilisateurs est nécessaire pour le calibrer. Ce dernier se recharge via une prise USB. Il ne pèse que 38 grammes pour une hauteurs de 6,6 cm et une largeur de 2.2 cm. Il est donc un compagnon idéal à garder sur soi pour toute la journée et même sur plusieurs jours.
Egalement autre point positif, il garde en mémoire les différents niveaux de pollution jusqu’à sa prochaine synchronisation avec le téléphone mobile.

Cette chose est résolue avec l’arrivée d’Atmotube Pro commercialisée depuis juin 2019 et qui est cependant un peu plus cher, 149 USD comme prix de lancement. Il fourni en plus des informations concernant les particules fixes dites PM1, PM2.5, et PM10.

Ces 2 trackers disposent en plus de mesures concernant la météo. On retrouve sur l’application des mesures de l’humidité et de la température ambiante en plus d’un score de « bien-être » dans cet environnement.

Exemple de distribution de la pollution à Beyrouth

Autre point fort, son application donne plusieurs conseils pour bien se protéger de la pollution.

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Egalement, avec sa communauté d’utilisateurs déjà présents au Liban, Atmotube offre une cartographie de la pollution présente sur le territoire sans donner plus de détails, malheureusement.

Note de l’Auteur:
Il s’agit du tracker dont je dispose depuis plusieurs mois. Il semble fonctionner aussi bien en intérieur qu’à l’extérieur.
Une interrogation cependant sur le crowdsourcing, le capteur ne faisant pas la différence entre atmosphère ambiante et extérieure, les mesures disponibles sur la carte, qui agrègent les données fournies par plusieurs utilisateurs, peuvent être biaisées.

Flow, le wearable français qui promet beaucoup

Le capteur Flow, capture d’écran du site de l’entreprise

Disponible sur le site officiel de la start-up Plume Labs créée en 2014, ou encore sur Amazon, ce tracker, disponible pour le public depuis janvier 2019, fonctionne également avec une application disponible sur iOS ou sur Android. Il se porte également sur soi.

On trouve aussi un capteur de température, d’humidité, ainsi qu’un accéléromètre trois axes. Pour mesurer la pollution, Flow dispose d’un capteur optique pour les particules fines PM2.5 et les PM10 , d’un capteur pour les composés organiques volatils, et d’un autre pour le dioxyde de carbone.

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Ainsi, Flow dispose d’un algorithme attribuant quatre notes établies en fonction des seuils de l’OMS pour décrire la qualité de l’air ambiant. Si vous ne disposez pas d’un accès à votre téléphone, Flow vous indiquera la qualité de l’air via une couleur qui s’affichera sur le capteur. Vous pourrez ainsi conclure du degré de dangerosité de votre environnement.

Plume Labs espère introduire prochainement une fonctionnalité permettant de partager ses informations via crowdsourcing. Cependant, tout comme Atmotube, le capteur ne fait pas la différence entre environnement intérieur et externe. Des interrogations concernant ces mesures pourront ainsi surgir quand ce service sera disponible.

Note de l’auteur:
Sa livraison étant impossible pour le Liban, nous n’avons pas pu le tester. Ce n’est pas faute d’avoir voulu et nous espérons bientôt le faire. Cependant, son achat reste possible pour les libanais résidant en France et qui souhaitent connaitre leur exposition à la pollution durant leur séjour.

L’intérêt des 2 premiers trackers est également de pouvoir servir en milieu clos. Ainsi vous seriez mieux à même de mesurer la pollution par exemple dans les restaurants, pubs ou bars où la cigarette, le cigare ou le narguilé sont tolérés.

Sensio Air de White Labs, une société d’origine libanaise

Plus connue au Liban puisque fondée par 2 libanais, la compagnie White Labs propose une application gratuite plus orientée sur le domaine médical et ne dispose pas de trackers à porter sur soi pour le moment. Cette App constitue cependant une alternative à l’achat d’un tracker et se fonde sur des mesures fournies par des capteurs fixes dans plus de 300 villes de par le monde. Beyrouth compte parmi les villes référencées. Elle se télécharge via l’App Store d’Apple ou via le Google Store.

En raison du manque d’infrastructures permettant son développement au Liban même, l’entreprise s’est délocalisée depuis en Grande Bretagne.

L’application permet de faire connaitre les niveaux d’allergènes ou encore de différents types de pollution présents dans l’atmosphères de ces villes.

L’application commence par un petit questionnaire médical sur le type et de traitement que vous suivez. Elle semble être plus prévue à cet usage médical que les 2 autres applications.

Sur les polluants, elle semble être plus précise.

Il s’agit donc de mesures externes et non de l’air en milieu clos. Or à l’intérieur des domiciles, la pollution peut se concentrer.
Autre point faible, hormis l’emplacement du capteur lui-même, les niveaux d’expositions à la pollution peuvent varier de manière importante. En dehors par exemple de Beyrouth, les mesures transmises aux utilisateurs peuvent être largement inadéquates en cas d’absence de capteurs à proximité.

Note de l’auteur:
White Labs a déployé des capteurs dans différentes localités pour combler ce problème.
Ainsi, les zones couvertes au Liban sont Baalbeck, Barja, Barouk, Beirut, Deir el Qamar, Fanar, Hamat, Horst Beyrouth, Kfar Hazir, Koreitem, Nabatieh, Qalhat, Saïda, Teir Debba, Kaslik et Zahlé. Tout dépend donc de l’implantation des capteurs pour l’heure.
On peut cependant regretter que certaines zones où les taux de cancers sont plus importants comme Chékaa ne sont pas couvertes ou encore que l’application n’offre pas de carte concernant la répartition géographique des polluants …

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Face à ce problème, la compagnie développe actuellement un capteur à mettre à sa maison ou dans son lieu de travail et qui devrait faire la différence entre poussière, moisissures, acariens, ou encore pollens et pollution. Il se présente comme une balle de rugby. Il n’est cependant pas wearable ou portable sur soi comme on peut malheureusement le regretter.

Le capteur développé par Sensio Air. Capture d'écran du site de la compagnie
Le capteur développé par Sensio Air. Capture d’écran du site de la compagnie

Quoi faire une fois qu’on connait quels types de polluants?

Pour les particules fines

Il s’agit en général de particules fines dont le niveau vous sera donné par le tracker. Les masques anti-pollution sont aujourd’hui considérés comme peu efficaces, leurs filtres n’arrivant pas généralement à éliminer les particules dites PM 2.5 ou en deçà en suspension dans l’air. Ils demeurent cependant efficace pour les allergènes.
Cependant, un conseil pour les hommes, il s’agit de se raser, les barbes ou moustaches occasionnant des fuites.

Il existe plusieurs normes en France. Siglés FFP1, FFP2 ou FFP3 (FFP pour « filtering facepiece particules »), seuls les masques FFP3 sont les plus filtrants.

Ils filtrent en effet 98% des particules selon une étude effectuée en 2018. Ils sont cependant assez désagréables à porter.

Pour les polluants chimiques aériens

En cas de pollution importante, il s’agit là à recourir à des technologies de masque à gaz équipées de filtres à charbon actif. Cependant, une exposition prolongée est évidemment déconseillée.

Par ailleurs, concernant les composés organiques volatils, une ventilation régulière est conseillée.

Il s’agit également de réduire les sources d’émission autant que possible. Les produits ménagers, aérosols, désinfectants, pesticides, carburants ou encore ordinateurs ou engins électroniques qui peuvent émettre des composés organiques par leur utilisation, doivent également utilisés dans un milieu ventilé.

Et d’autres conseils encore

En voiture, l’air conditionné peut accentuer la pollution à l’intérieur des véhicules. Il s’agit d’utiliser au maximum le recyclage d’air et une fois en dehors des zones critiques, de ventiler le véhicule.

Par ailleurs, en cas de pollution importante à l’extérieur, il est parfois préférable de rester chez soi.

Que cela soit au bureau ou à domicile, les climatiseurs sont équipés de filtres. Il s’agit de vérifier qu’ils sont pourvus de filtres et quels en sont les caractéristiques. Il s’agit notamment de les pourvoir les équiper de filtre à charbon actif.
Autre option, l’utilisation d’un purificateur d’air de maison qui contient des filtres contre les particules et peut donc atténuer la pollution. Tout comme les climatiseurs, l’utilisation de filtres à charbon actif est conseillée.

Nous en avons sélectionné quelques uns disponibles sur Amazon. Ils sont bien moins chers qu’une climatisation.

Et si vous pouvez, un bon bol d’air frais par exemple en allant vivre dans la nature est encore la meilleure solution …

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Illustration: Beyrouth qui disparait sous un nuage de pollution. Crédit Photo: François el Bacha pour Libnanews.com. Tous droits réservés.