On assiste depuis quelques temps à des discours de partis politiques qui accusent, soit les USA, soit Israël maintenant, soit l’Iran ou la Syrie au début d’avoir incité aux évènements actuels donc aux manifestations que le Liban connait depuis maintenant 41 jours.
C’est un peu faire une bien vite besogne dans l’analyse. Les causes étaient économiquement bien profondes, bien construites depuis des années de mal-gérance de la chose économique accouplée par un manque de transparence dans les affaires et le coût de la corruption.
Ce que ne comprennent pas les partis traditionnels, c’est que les manifestations ont dépassé les cadres plus traditionnels du système confessionnel.
Auparavant, il est facile d’attaquer les gens qui protestaient en les traitant d’anti-sunnite s’ils dénonçaient la corruption d’un Premier Ministre ancien ou actuel, d’anti chiite s’ils traitaient Nabih Berri de Voyou et de corrompu ou d’Aounistes ou de Forces Libanaises pour ce qui est des chrétiens qui étaient historiquement divisés selon ces lignes.
Ce qui se passe aujourd’hui est une union en fait autour de principes qui sont le rejet du confessionalisme politique qui a empêché jusqu’à présent la mise en accusation de ces personnes. Toutes les confessions sont concernées et tous les partis qui s’étaient construits sur des principes d’appartenance sectaire sont rejetés.
Que certains de ces intérêts puissent avoir des convergences d’intérêts, oui, certes mais d’une manipulation des évènements aucune puissance étrangère n’a donc intérêt de jouer avec le feu contrairement à ce que véhiculent certains médias au Liban qui sont proches des partis politiques qui sont en fait dans le déni et l’incompréhension.
Aucune puissance étrangère n’a, en effet, réellement intérêt à ce que le système actuel tombe puisqu’il est l’outil même qui permet les ingérences au Liban. Si le Premier Ministre est traditionnellement considéré proche de l’Arabie Saoudite, il en est de même pour le Président de la Chambre avec l’Iran etc… via des partis politiques qui sont des relais de ces influences étrangères.
Ainsi, aux USA, on constate qu’il y a aussi des lectures différentes entre la Maison Blanche qui souhaite suspendre une aide militaire suite à une demande israélienne qui estime que la suspension de cette aide pourrait faire pression sur Beyrouth, le secrétariat d’état aux affaires étrangères et le Pentagone qui en souhaitent plutôt la poursuite en estimant que cette suspension au contraire pourrait faire tomber le Liban dans une influence du Hezbollah.
En Israël, en parlant d’Israël, on craint que si déstabilisation du Liban il y a, cela pourrait au contraire renforcer le Hezbollah.
En Europe, en Syrie ou en Iran, on craint qu’une déstabilisation aussi du Liban pourrait entrainer des flux migratoires ou un retour incontrôlé des réfugiés syriens.
Cependant, le timing choisi par rapport à ces évènements est autre chose. On n’en a pas le luxe économiquement parlant aujourd’hui. Notre première priorité n’est pas d’ordre politique, mais simplement le fait de conserver assez de réserves monétaires pour permettre à la population de se nourrir puisque la crise économique, qui a été au final la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ne peut aller qu’en s’aggravant.