Les autorités libanaises envisagent de suivre les recommandations du cabinet de conseil en stratégie McKinsey qui a proposé la légalisation de la culture de cannabis à usage médical lors de la remise de son rapport au Président de la République, le Général Michel Aoun.
Le Président de la Chambre, Nabih Berri, a ainsi mandaté ce jeudi un comité d’experts chargés de rédiger une nouvelle loi en vue de légaliser cette culture, annonce l’Agence Nationale d’Information (ANI). Cette décision fait suite aux propos de ce dernier tenus lors d’une réunion avec l’Ambassadeur des USA, Elizabeth Richard, ce mercredi. Nabih Berri avait ainsi informé la diplomate d’une prochaine révision des dispositifs législatifs locaux à ce sujet. Il s’agira pour le Liban d’autoriser son usage médical, à l’exemple d’autres pays dont les USA ou le Canada et ainsi de promouvoir la mise en place d’une industrie pharmaceutique.
Le Ministre par Intérim de l’Agriculture Ghazi Zeaiter précise ce vendredi que ce projet pourrait réduire les trafics et serait accompagné par des sanctions plus sévères vis-à-vis des trafiquants illégaux et des consommateurs locaux. La Régie des tabacs et des tombacs serait chargée de surveiller ce marché et d’accorder les licences d’exploitation d’une manière similaire à celles d’usage pour le secteur du tabacs.
Selon le rapport du cabinet McKinsey, cette légalisation pourrait engendrer la création d’un secteur économique donc le chiffre d’affaire est estimé à 1 milliard de dollars. Il s’agira notamment d’inclure dans le PIB ce secteur qui reste pour l’heure illégal.
Depuis la fin des années de guerre civile, les autorités libanaises combattaient la culture du hachisch, qui servaient précédemment notamment au financement de milices et cela, conformément à des engagements internationaux. En contrepartie de l’abandon de cette culture, les autorités libanaises s’étaient engagées à verser des indemnités aux agriculteurs.
Face à l’absence de ces compensations et à la destruction de leurs cultures, les fermiers se sont engagées dans un bras de fer avec l’état, notamment dans la Békaa, jusqu’à des affrontements en 2012 avec l’Armée Libanaise et les Forces de Sécurité Intérieure, provoquant la suspension du programme d’éradication et l’explosion de la production locale.
Lors des dernières élections législatives de mai 2018, des producteurs locaux, faisant l’objet de plus de 40 000 mandats d’arrestations ont manifesté appelant à obtenir une amnistie.
La culture du Cannabis au Liban
La culture du Cannabis au Liban reste ancienne, remontant à plusieurs siècle et a été proscrite lors de l’avènement des dispositifs législatifs en 1926. Il demeure cependant que les autorités aient toujours eu du mal à éradiquer cette culture, amenant même l’Armée Libanaise à mener des opérations aériennes contre les contrebandiers de la Békaa, notamment en 1948. C’est ainsi qu’était née les forces aériennes libanaises.
Aujourd’hui, le Liban reste l’un des cinq premiers producteurs mondiaux de haschich, représentant environ 5 à 6 % de la production mondiale depuis 2002. On estime à l’heure actuelle à 5 000 hectares les plantations de Cannabis dans la Békaa dont beaucoup de champs sont situés à la lisière même des routes publiques. Un hectare de cannabis peut produire entre 40 et 100 kg de haschich, soit une valeur comprise entre 16 000 et 40 000 €. Il est également estimé que 50% de la production locale soit exportée via des filières illégales finançant différentes organisations mafieuses.
Au total, ce secteur illégal représenterait aujourd’hui un chiffre d’affaire de 4 milliards de dollars non inclus dans le calcul du PIB, bien loin des estimations de la culture du cannabis à usage médical qui pourrait générer qu’un milliard de chiffre d’affaire à l’économie libanaise.