Plus le scrutin des législatives du 6 mai prochain approche au Liban, plus on se surprend à découvrir des anormalités du fonctionnement démocratique des procédures de vote. Ainsi, devraient-on être obligé de voter pour une liste entière tout en choisissant ensuite un candidat préféré.
À chaque scrutin, on découvre des détournements de multiples manières. Ainsi, le scrutin de 2009 a été marqué par une majorité minoritaire en terme votes en raison du déplacement d’électeurs d’une région où la victoire sur un plan local – le Akkar – était certaine à la coalition politique aujourd’hui défunte du 14 Mars, région, qui jouait un rôle plus crucial sur le résultat final, celle de Zahlé qui a ainsi échappé au CPL et à leurs alliés. Une autre majorité se serait sinon dégagé. D’autres manipulations, lors des scrutins précédents concernaient le débat autour de la carte électorale elle-même entre Mohafazats, Caza, regroupement de Caza, loi électorale dite orthodoxe pour que chacune des communautés religieuses désigne ses députés et ainsi de suite.
Il est certain qu’aucune loi ou proposition électorale n’est capable de satisfaire tout le Monde mais on avait longtemps espérer que cette dernière puisse finalement clore les débats au lieu de la traditionnelle adoption « pour une fois et une seule fois seulement ».
Habitué aux panachages des listes lors des précédentes élections même dans le cadre d’un scrutin majoritaire, l’électeur se trouve aujourd’hui ainsi perdu entre mauvaise information électorale et quand il a enfin compris, désarroi face à un système dont il pensait être meilleur que le précédent. Que nenni au final! Ce système de scrutin, via la loi électorale, semble avoir été tout de même manipulé dans l’intérêt des partis au détriment de la société civile, ces partis qui se partagent le pouvoir depuis des années. Une bien mauvaise surprise au final.
Une loi électorale qui incite à l’abstention
Cette mesure semble au premier abord plutôt incitative à l’abstention plutôt qu’au vote en raison parfois d’alliance qui semblent contre natures sur un plan idéologique et dogmatiques, sans aucun accord notamment sur un programme de convergence qui manquent à la plupart de ces listes. On est donc appelé à élire des hommes et à leurs adversaires sur ce plan du programme.
Quelle déception!
Beaucoup d’électeurs penseront ainsi à éviter d’élire un candidat au Liban même en présence d’un autre candidat qui pourrait mériter leurs votes. Le choix d’une liste sera plutôt un choix par défaut et non par conviction.
Mais une loi électorale qui vise également les candidats de la société civile
Mais cette mesure semble aussi viser les candidats indépendants et ceux de la société civile qui ne profitent pas des mêmes capacités de mobilisation en dépit de certaines compétences, manquant d’avoir la véritable machine électorale qui est derrière les partis politiques, plus à même de demander à voter pour une liste en raison d’un homme, un seul, sans même évoquer l’absence dans les médias, qui dans leurs majorités sont liés à des partis, de couverture des candidatures des mouvements de la société civile.
Les dernières élections législatives ont amené, oh surprise, sur le devant de la scène politique, un certain nombre de mouvements dits civils et notamment Beirut Madinati qui avait quasiment mais sans succès, en raison du mode de scrutin, réussi à percer les listes dans la capitale libanaise face à des adversaires bien endurcis.
Face à cette situation, on ne s’est pas rendu compte qu’il y a eu manipulation du mode de scrutin pour y remédier.
On semble ainsi avoir assuré la victoire de certaines personnalités, ministres et députés actuels au prochain parlement, voir même déjà d’assurer la victoire du premier d’entre eux, le chef de la chambre lui-même, en lieu et place d’avoir eu un certain débat sur le programme social ou économique ou du bilan de la mandature législative précédente, par ailleurs exécrable des sortants qui n’ont pas su assurer le fonctionnement de nos institutions politiques et administratives en raison des crises politiques, crises en raison des délais pris pour nommer un nouveau gouvernement ou même pour élire un nouveau Président de la République.
La loi électorale qui sera donc appliquée lors du prochain scrutin parait déjà dénaturer le jeu démocratique avant même qu’il ait lieu. Il aurait été plus valable, non pas de voter pour des listes de futurs députés, mais pour des candidats seuls, faire un shopping sur base de compétences et de choix idéologiques et les juger le cas échéant.
Une circonscription par député aurait été également plus à même d’éviter les débats autour de la confessionnalisation d’un système politique qui démontre, jour après jour, ses limites, comme le soulignait bien, la semaine dernière, le Président de la République lui-même, qui dénonçait par ailleurs, le cumul entre mandat de député et de ministre.