À en croire les réseaux sociaux, une nouvelle polémique de la semaine est apparue à la faveur des évènements pas si divers que cela au Pays des Cèdres, la peine de mort et son application.
Les uns sont en sa faveur, en raison du côté humaniste ou citant les pratiques usuelles de pays considérés comme étant plus développés que le Liban mais qui ne sont pas confrontés au même contexte que le notre, et d’autres en sa défaveur.
Examiner les pour et les contre quand un débat est aussi passionné devient nécessaire.
Le Liban est considéré de facto comme étant abolitionniste mais existant toujours dans son arsenal juridique, comme étant considéré comme moyen de dissuasion à l’encontre des criminels suite à la guerre civile de 1975 à 1990, dissuasion qui ne semble plus s’exercer aujourd’hui. La faute de ce défaut de dissuasion revient à l’impossibilité à l’Etat de faire respecter ses lois dans la vie quotidienne, comme sur la route par exemple, en raison généralement de la jouissance par ces criminels d’appuis politiques de haut rang ou par le rejet même, dans le cadre de personnes radicalisées du concept même de l’Etat en faveur d’idéologies pan-arabes ou pan-islamiques. Ils se sentent alors invulnérables.
La peine capitale n’a été exercée pour la dernière fois qu’en 2004, à l’encontre d’un militant islamique pour avoir tué 3 membres des forces de sécurité, d’une personne ayant tué 3 personnes lors d’un braquage et d’un troisième individu pour avoir tiré contre 8 de ses collègues dans un bureau de l’état avec intention de les éliminer.
Il existe cependant de nombreuses personnes en attente dans les couloirs de la mort, comme des éléments radicaux qui ont commis des crimes contre l’Etat même que cela soit à Denniyé, Tripoli ou encore Aarsal.
Il convient d’examiner 2 cas de figures donc, un cas de figure de crimes dits communs et un cas de figure plus exceptionnel, de crimes envers l’Etat lui même et mettant à mal son existence et la conception du vivre ensemble alors qu’il existe des idéologies régionales qui démentent la capacité d’une coexistence même de différentes religions et ethniques comme Daesh ou d’autres organisations radicales et auxquelles le Liban, par sa constitution même de pays de minorités est confronté depuis le débat de son existence.
Le cas de crimes dits « communs » est simple. Il s’agit de personnes ayant commis l’inimaginable pour des raisons diverses mais criminelles. Un accident de la route qui tourne mal, une sorte de vendetta ou d’un crime d’honneur. Ils contreviennent à la loi même du « tu ne tueras point ton prochain ». Ces personnes, même si elles constituent un danger envers la société, sont des éléments généralement isolés à eux-eux-mêmes ou à quelques individus. Pour eux, la peine de mort ou la peine à la perpétuité est une peine d’élimination de la société, si du moins la perpétuité est réelle, alors que le défaut est tout autre. Ce sont généralement des personnes qui n’ont pas été éduqués dans le sens du bien et du mal et à comprendre généralement que de tuer est mal. Ils pensent agir parce qu’il existe une culture d’impunité pensant être couvert politiquement pour des actes de droit commun.
D’autres sont des personnes agissant dans un cadre plus large d’une entente criminelle et organisationnelle. Nous avons de mauvaises habitudes au Liban, celle d’amnistier les criminels de guerre, puisqu’il s’agit généralement de criminels de guerre en fonction d’impératifs politiques et non de réconciliation comme on nous le présente généralement au détriment même des victimes elles mêmes. Souvenons-nous de l’amnistie d’un dirigeant politique chrétien contre des islamistes de Denniyeh en 2005, « pour équilibrer et faire accepter le deal ».
Le débat sur l’élimination de personnes radicales ne concerne pas seulement le Liban, mais aussi l’Europe. L’impossibilité à déradicaliser est maintenant prouvé par l’échec des démocraties occidentales à le faire à l’encontre de ses propres citoyens comme le démontre un rapport de 2 sénatrices en France qui a été rendu en février 2017.
Reprenant l’exemple de la France, ses forces spéciales n’hésitent d’ailleurs pas à appliquer une peine de mort contre ses ressortissants appartenant à Daesh et présents en Irak, au Mali ou en Syrie même si cette dernière n’existe plus.
De toutes les façons pour revenir au Liban, le débat au niveau de la société qui est bénéfique, ne peut devenir applicable qu’en réformant notre système judiciaire et l’abolition de la peine de mort ne peut se faire qu’au niveau législatif. Un autre écueil vu l’incapacité de notre parlement à débattre de manière sereine sur différents sujets comme la loi électorale, le temps mis à discuter du cadre de l’exploitation des ressources pétrolières ou hydrauliques amène au deuxième débat sur le fonctionnement propre de nos institutions et de leur paralysie en raison du donnant-donnant à caractère politique et confessionnel ne facilite pas la tâche. On peut imaginer par exemple que plus de personnes appartenant à telle communauté religieuse ou à telle appartenance politique engendrera des difficultés à faire accepter que le cadre de la peine de mort puisse être réformée.
Le véritable débat n’est donc pas la peine de mort mais plutôt la peine que nous afflige une classe politique qui couvre ces derniers. Les criminels eux, ne sont que des pions et des fusibles qui font souvent le sale boulot d’autres personnes plus hauts placées et à qui ont offre une véritable culture d’impunité.
Au final, la peine de mort n’est appliquée qu’aux victimes d’Etat de non droit, elles respectueuses de la loi, par l’incapacité de l’Etat, dont beaucoup d’instances sont en réalités dirigées par des criminels qui ont recours à des hommes de main, à faire appliquer le cadre des éléments constitutifs d’une vie commune. Elle n’est appliquée que sur ces victimes, jeunes tués sur la route d’un coup de poignard ou qui sortent d’une boite de nuit et qui sont exécutés d’un coup de révolver,