Située à l’entrée Nord de la Capitale, la décharge de Bourj Hammoud, véritable désastre écologique, a été fermée suite à l’ouverture de la déchetterie de Naameh en 1997. Aujourd’hui, 18 ans après, les rôles s’inversent, la fermeture de la décharge de Naameh pourrait entrainer la réouverture de la décharge de Bourj Hammoud. L’existence même de cette décharge, ainsi que des autres situées au littoral, contreviennent pourtant aux conventions internationales dont le Liban est signataire.
Une « montagne » de déchets en pleine mer
Véritable « montagne » d’ordures située sur la côte libanaise d’une superficie de 227 000 mètres carrés pour 40 mètres de hauteur, cette déchetterie a été source de nombreux problèmes, odeurs nauséabondes dans la partie Est de Beyrouth et dans les Banlieues Nord, source de diverses infections – alors qu’elle est située à 200 mètres de quartiers résidentiels de la capitale – , incendies à répétition en raison de la fermentation des déchets – alors qu’on a proximité immédiate des installations de stockage pétrochimiques – , sans compter qu’elle est à l’origine de la pollution de la mer qui touchera même des régions plus éloignées, jusqu’à Tripoli au Nord Liban voir au-delà, disait-on à l’époque.
D’abord à l’origine de nombreuses blagues, certains estimant qu’à force de monter en hauteur, on finira bien par skier sur ses pentes, elle ira finalement jusqu’à susciter des manifestations violentes, les habitants de la localité, s’opposant de manière similaire aux habitants de Naameh aujourd’hui, au transfert d’ordures et obligeant le Gouvernement de l’époque à fermer le site. Il semblerait que les autorités actuelles l’aient oublié.
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Un plan de réhabilitation promis … et jamais réalisé
Face à cette situation, le gouvernement libanais a tout juste décidé, non pas de retraité les déchets présents sur les lieux comme à l’image de ce qui s’est passé à la décharge sauvage de Normandie, dans le secteur SOLIDERE mais de la recouvrir d’une couche de terre argilo-sableuse lui donnant un aspect « vert » au printemps, sans pour autant empêcher le glissement des ordures vers la mer depuis.
Pourtant, dès 1995, a été mis en place du plan Linord, qui était l’équivalent de Solidere pour le secteur Nord de Beyrouth. Une société, du même nom à constituer, devait ainsi réhabiliter le secteur de la décharge et être rémunérée sur la base de la vente des terrains gagnés sur la mer. Cependant, cela sera marqué par un échec en raison de l’opposition d’une partie de la classe politique et des lieux qui – contrairement au secteur Solidere – sont plutôt à destination industrielle que commerciale. L’Etat n’a pas depuis repris à sa charge le projet de réhabilitation de la zone, laissée à l’abandon et depuis menacée aujourd’hui d’une reprise du dépôt des ordures… avec tous les désavantages inhérents à son emplacement géographique.