Je n’aime pas trop évoquer les affaires familiales ou personnelles, appeler cela une recherche de l’intimité, mais parfois, on se doit d’extérioriser certains évènements. Harri part, elle retourne à Madagascar. Harri était notre employée de maison, « était » parce qu’elle a fini par devenir pratiquement un membre de la famille. C’est d’ailleurs avec beaucoup d’émotion hier soir qu’elle m’a demandé de lui préparer un petit album photo de ses 3 dernières années passées chez nous. Certains évoquent souvent le cas « de mauvais traitements » infligés au Liban aux employées de maison, ce n’est presque pas sans rappeler, selon les descriptions faites, carrément de l’esclavagisme, cependant, Harri part mais elle aurait bien voulu rester chez nous, si ce n’est qu’en conflit avec son mari, elle part pour récupérer sa fille!
Certainement mère courage, c’est par amour qu’elle s’est arrachée à sa terre natale -gagner un peu d’argent en vue de donner la meilleure éducation à sa fille -, c’est par amour qu’elle revient sur sa terre natale, une fois son objectif achevé. Elle a démontré, au cours des années passées chez nous, un sens profond de moralité, des sentiments très humains, partageant les peines avec le problème de santé de mon père durant l’été ou encore la presque agonie de Cali en Décembre et Janvier dernier -elle s’en ait finalement remise- et les joies notamment avec ma nièce et mon neveu en vacance au Liban qui n’étaient pas sans rappeler sa propre fille, pour ne pas évoquer toutes ces périodes de fêtes qu’on a passé ensemble, ces 3 dernières années.
Je me souviens de sa peur au début de Cali justement, peur très vite surmontée avec la gentillesse de cette brave bête qui l’a accueilli comme seul un huski pouvait le faire. Elles sont devenues très copines d’ailleurs, Cali, le matin venu, au lieu d’aller nous voir pour la descendre, se rend directement chez Harri, sautant sur le lit. Pyjama party en quelque sorte. Promenade Calinienne ensuite, le programme de la journée est bien rôdé, profitant ainsi de la camaraderie de ses compatriotes Malgaches sur place. Elles forment ainsi une communauté bien vivante, bien intégrée, se rendant à la messe chaque samedi, même aider à servir à la messe, distribuer des tracts à la fin de l’office religieux, aider aussi la paroisse du quartier.
Coquette, Harri souhaitait toujours être sur son 31 pour les fêtes. Elle aime se faire belle avec un petit tablier blanc et venir avec le sourire. Je me souviens ainsi qu’elle se proposait d’elle même à aider, le soir de mon anniversaire venu. Harri emmène un peu du Liban avec elle, souvenirs pour sa fille, souvenirs pour elle, elle faisait à l’instant sa valise, remplie de milles et un jouets pour elle, ce n’était pas s’en me rappeler ma tante qui me ramenait ici des jouets de France. Cali était à ses cotés, triste, elle avait compris qu’Harri nous quittait donc et repartait chez elle.
Hier s’occuper des clichés qu’elle m’a demandé, cela m’a amené à revoir avec nostalgie, de bons moments et de mauvais moments. On dit que d’une certaine manière notre vie défile devant nos yeux à la veille de la mort. Cela désormais est aussi le cas quand on revoit tous ses moments sur un simple écran d’ordinateur. Nous avons en fin de compte, une mémoire numérique, des souvenirs refoulés, d’autres oubliés qui ressurgissent ainsi en revoyant quelques photographies d’un passé pas très lointain.
Que dire donc? Juste souhaiter une bonne chance à Harri, qu’elle partage de nombreux moments de bonheur avec sa fille. Qui sait, un jour, peut-être, nous nous reverrons tous.
Notre vie défile aussi à nos yeux le temps d’un départ, d’une séparation. Harri gardera un très bon souvenir pour nous tous. C’est une personne magnifique, sensible et aimable. Je la regrette déjà, sa présence était très agréable.
elle était sans doute aucun, la meilleure de nos employée de maison 🙂 On la regrette déjà avant même son départ.