Le Président de la République, le Général Michel Aoun, a décidé ce soir d’exiger une enquête des autorités compétentes face au fiasco institutionnel et fonctionnel qui a abouti à l’assassinat de 9 militaires libanais détenus par Daesh depuis Août 2014 et dont on a appris la mort probable depuis février 2015. Une chose que j’étais un des premier à demander depuis que Vérité éclate, ce lundi 28 août. Je ne peux que me satisfaire désormais de cette décision.
Ils savaient, sans nul doute, qu’ils n’étaient plus vivants et pourtant ils nous ont fait croire que nos martyrs étaient toujours là, présents dans ce relief escarpé de l’Anti-Liban. L’opération Aube du Jurd, proclamée comme étant une victoire n’en est en réalité pas une. Nous avons trahi, nous n’avons pas de rendre ses hommes à leurs familles en raison de calculs politiques.
Pour paraphraser Georges Jacques Danton, nous exigeons « la Vérité, l’âpre Vérité » même si elle fait mal et non de noyer le poisson. Nos interrogations sont légitimes, les réponses que nous attendons ne doivent pas épargner les personnes responsables volontairement ou celles qui ont fauté par négligence et manque de décision.
De guerre lasse, certains ne pouvaient croire qu’une telle enquête serait demandée par les instances les plus supérieures de la Nation. Non pas qu’il s’agisse de punir mais de comprendre pourquoi en est-on arrivé là et pour que plus jamais une telle situation puisse se reproduire. Il s’agit d’établir un précédent.
Et cela pour cause, la culture de l’impunité cultivée par nos irresponsables au pouvoir n’avait que trop duré de part notre Histoire contemporaine, aboutissant à la paralysie de celles-ci de nos institutions. Depuis longtemps, on aurait pu croire la paralysie institutionnelle au début de la guerre civile aurait déjà dû aboutir à une enquête officielle. De même, même si on a découvert les dépouilles de nos 9 militaires et de permettre ainsi à leurs proches de pouvoir faire leurs deuils après qu’on leur ait menti depuis 3 ans, on reste sans nouvelle des 17 000 disparus de la guerre civile.
Nous sommes ces soldats que nos institutions ont abandonné durant 3 ans, tout comme nous sommes ces disparus partis sans aucune nouvelle. Nous sommes les victimes d’un système, parce que nous n’avons jamais exigé auparavant cette vérité et on nous en donne aujourd’hui l’opportunité. Ne la gâchons pas en discussion inutile et soyons vigilants.
Nous devons rendre nos hommes politiques, désormais, non pas seulement redevables devant les urnes, ce qui n’est déjà pas le cas, mais devant la Justice, celle de l’intérêt supérieur de la Nation. Exit, ces calculs politiques qui ont déjà gâché de nombreuses vies quand ils ne les ont pas tout simplement prises. Il est nécessaire que désormais, ces hommes politiques puissent acquérir – quand ils arrivent au pouvoir – les notions d’intérêts supérieurs de la Nation et qu’ils agissent en connaissance de cause comme dans tout état de droit. Cet état de droit que nous réclamons années après années. Puisse cette décision inaugurer les bons principes de fonctionnement de cet Etat.