Saida Ou la Cite des Odeurs

Saïda, le nom d’une ville dont on entend beaucoup plus parler dans les informations – souvent malheureuses – que dans les livres d’Histoire. Et pour cause, la présence du camp palestinien d’Ein Helwé, véritable zone de non-droit, ou se sont réfugiés de nombreux groupuscules islamistes, responsables ses dernières années de nombreux incidents sécuritaires, ou encore la véritable montagne d’Ordure incontrôlable à son large et qui envoi ses déchets jusqu’en Syrie à la faveur des courants maritimes. On ne s’arrête pas généralement à Saïda, on ne fait que passer. On ne tente pas de rentrer dans la veille ville encore moins, à la rigueur, on va voir le Château de La Mer et puis Basta…

Saïda, anciennement appelée Sidon, était pourtant la rivale de Tyr, l’autre ville phénicienne, l’une s’alliait avec les conquérants et l’autre résistait aux envahisseurs. Elle vécu du commerce comme Tyr, avec le fameux pourpre, couleur issue d’un coquillage dont on peut – dit-on – encore voir les scories à quelques endroits. C’était la couleur des puissants, riches et jusqu’à celui de l’Empereur Romain lui-même. Sidon était donc connu et reconnu de toutes et de tous. Une petite présentation s’impose donc pour une cité qui a constitué donc un empire non pas basé sur les armes mais sur le commerce.

Saida était redevenue une ville importante du Liban, notamment lors du règne de Fakhraddine qui en a fait une plateforme commerciale de la plus grande importance dans le commerce avec l’Europe. La construction des Khan dont le Khan el Frank plus précisément illustre cette période historique. La présence des consuls des différents pays européens sur les lieux en illustre également cet importance.

Quoi visiter à Saïda?

colonnades antiques intégrées aux remparts du Château de la Mer, Saida, Sud Liban
colonnades antiques intégrées aux remparts du Château de la Mer, Saida, Sud Liban

Des artéfacts phéniciens et antiques en général, il ne reste pas grand chose – à notre connaissance du moins et à moins que quelqu’un puisse nous amener à plus de précision à ce sujet -, si ce n’est également les colonnades de ses époques encastrées dans le Château de la Mer et le temple d’Eschmoun situé à proximité et que nous n’avons pas eu l’occasion de visiter, cela sera pour une prochaine fois. Concernant le temple d’Eschmoun, on a déjà évoqué les ex-voto en forme de statue d’enfants de l’époque phénicienne, hellénique et romaine et actuellement déposés au Musée National de Beyrouth.

Détails de l'entrée du Château de la Mer - Saïda, Sud Liban
Détails de l'entrée du Château de la Mer - Saïda, Sud Liban

Concernant notre visite de Saïda, nous avons débuté au Château de la Mer qui n’est en réalité que l’ombre de lui-même. Il ne reste pas grand chose mis à part sa façade coté côte. Pour le reste, une seule salle est véritablement ouverte, celle de l’ancienne salle d’arme à priori. Ce dernier a été construit en 1227 par les Croisés, alors appelée Sagette, deuxième ville importante de la région côtière après Tripoli au Nord Liban, et permettait et permet toujours d’ailleurs, le contrôle du port. Les constructeurs de cet ouvrage ont réutilisé les colonnes romaines, comme on peut le constater dans le gros oeuvre et a été construit en 2 ans seulement. A la construction croisée, a été rajoutée une Mosquée par les Mamelouks. 

Décors du palais Debbaneh, Saïda, Sud Liban
Décors du palais Debbaneh, Saïda, Sud Liban

Le Palais Debbaneh tout d’abord et qui est une demeure qui revient de loin parce que largement endommagée par la présence de réfugiés fuyant le Sud Liban durant l’invasion israélienne de 1982. On découvre l’entrée de ce manoir via un escalier caché aux travers des souks. Il faut donc bien connaitre pour gravir puis sonner afin qu’on puisse découvrir la richesse restaurée de ce patrimoine.  La maison se départage en plusieurs étages mais seul le premier étage comporte du mobilier. Du mobilier original, il ne reste pas grand chose, même le décors des murs ont été restaurés. Le reste du mobilier et notamment les instruments de musique ont été acquis par la Fondation Debbaneh pour les besoins de la constitution d’une collection. Il s’agit d’instruments à corde comme on peut le constater. 

Savon sculptés d'Alep, Khan el Saboun, Saîda, Sud Liban
Savon sculptés d'Alep, Khan el Saboun, Saîda, Sud Liban

Le Khan al Saboun est le deuxième endroit à voir. Hébergée à l’intérieur de l’ancien domicile de la famille Audi, fondatrice de la Banque du même nom et qui a quitté les lieux dans les années 1950, nous pourrons trouver en sous-sol, la reconstitution d’une unité de fabrication artisanale de savon à l’huile d’olive, sponsorisé par la fondation de la Banque Audi. On y découvre différents types de savon, du savon local de Saïda, à celui de Tripoli pour le local que nous avons eu l’occasion de visiter, en passant par les fameux savons sculptés d’Alep en Syrie aux senteurs particulières. 

On peut cependant regretter que la fabrication de ce savon ne soit pas « live » mais plutôt reconstituée en étape. On ne peut que regretter que le supposé lieu de fabrication « réel des savons » que l’on dit à proximité, ne soit pas visible. Cela laissera cependant des interrogations quant à l’achat acheter du savon dans la boutique qui se trouve à la fin de la visite du Musée si on entre par le vieux souk. Nous nous sommes ainsi procuré du savon artisanal à l’huile d’olive parfumé à la gomme arabique et du parfum à l’ambre, plus commercial, puisque vendu sous la marque de « Senteurs d’Orient »

Nouveaux Souks de Saïda, Sud Liban
Nouveaux Souks de Saïda, Sud Liban

les Souks en eux-même se décomposent en 2 partie, une partie « moderne » avec un bric-à-brac impossible à décrire dans une rue macadamisée, on y trouvera parfumerie, habillement, légumes et fruits etc… voir oiseaux domestiques également et la partie de la ville ancienne, elle moins peuplée, moins commerciale actuellement, auparavant abandonnée mais aujourd’hui restaurée par l’action conjointe de différentes fondations dont les fondations Debbaneh et Audi que l’on a déjà évoqué ici.

Ombres dans le vieux souk de Saïda, Sud Liban
Ombres dans le vieux souk de Saïda, Sud Liban

Nous n’évoquerons pas le Khan el Franj dans lequel nous n’avons pas pu nous rendre faute de temps. Cela sera pour une prochaine fois.

A noter:

Parfumerie Orientale, Saïda, Sud Liban
Parfumerie Orientale, Saïda, Sud Liban

les petits plaisirs: entrer dans une parfumerie orientale sentir le Oud qui est considéré comme étant l’un des parfums les plus chers au Monde. Nous y reviendrons dans un prochain billet. Le parfumeur pourra même vous proposer de vous composer votre parfum en mélangeant différentes flagrances orientales. 

La suite de la visite: