Sorti des bas-fonds de Buenos Aires, le Tango était, disait-on au siècle dernier, une danse de voyous, raison pour laquelle, mon grand-père maternel qu’on disait bon danseur – ils avaient en fait peu de loisir dans le bassin minier et le tango en faisait parti – n’avait jamais transmis les fameux pas à ma mère.
Pourquoi évoquer cela? De danse de voyous, le tango fait désormais preuve de noblesse avec notamment hier, la performance de Silencio Tango Orchestra au Music Hall. Nous avons été charmés par les prouesses des danseuses – et spécialement subjugués par le charme de la danseuse étoile dans sa robe rouge hmmmm sans plus de commentaires -, il semblerait que Marie Josée l’ait moins apprécié, se contentant des prouesses techniques de cette dernière – et de son partenaire ainsi que par toutes les danseuses et les danseurs.
Nous avons ressenti toute l’émotion des deux musiciens issus de la diaspora libanaise en Argentine, dont le leader Roger Hélou, venus pour la première fois dans le pays d’origine de leurs parents. Ces émotions, nous les avons encore une fois, ressenties et partagées avec toute la fierté véhiculée par le tango, danse machiste, certes, les hommes croient mener la danse comme le veut l’adage, mais trompeuse, les femmes, elles en retour, savent charmer leur partenaire et nous spectateurs.
Le Tango respire au rythme de l’accordéon magistralement exécuté par Juan Luis Betancor, venu d’Uruguay, l’autre pays du Tango. A ses notes, s’ajoute donc la Vie, le Cœur qui bat par les pas de danse exécutés. Le piano joué par Roger Hélou, la contre-basse et le violoncelle enrichissent le tout, il s’agit désormais d’un être vivant, composé d’autant d’organes, à l’audition et presque au toucher du regard de velours, quand on est au premier rang, mais également l’odorat : on sent les danseurs, on sent cette passion et la vision enchanteresse.
Le Tango devient donc style de vie à part entière, avec ses passions, son amour transmis dans un contact charnel, ses quelques peines exprimées au détour de gestes brusques, et de la compassion via le regard, intense de ses protagonistes de la vie.
Le seul regret qu’on ait pu avoir est d’avoir eu à profiter, bien malgré nous d’ailleurs, de la conversation de nos chers voisins, même si on était assis au premier rang. Le défilé de toute une vie depuis la dernière rencontre à raconter, ces dadammes, imaginez-vous donc! Une véritable télénovela digne des meilleures mégères d’Ashrafieh à la sauce musicale Argentine en fin de compte, amenant même le pianiste et dirigeant du groupe à faire remarquer la banderole posée au dessus de la scène – Silencio – afin de réclamer le silence à juste titre. Chose peut-être perdue, la discipline, l’émerveillement du spectacle, ce n’est pas cher donné juste pour « se faire voir » au sens très péjoratif et non celui du libanisme, au premier rang duquel ces dadames bien commères placent la barre bien haut.
Vous pouvez découvrir les dates des prochaines prestations de Silencio Tango Orchestra là.