Le nouveau premier ministre libanais a été nommé par le Président de la République Michel Sleiman, réunissant 124 voix en sa faveur à l’issue de la consultation des parlementaires libanais, il s’agit du Député de Beyrouth Tamam Salam, qui succèdera donc à Najib Mikati. Tamam Salam est lui-même le fils de Saëb Salam, ancien premier ministre du Liban, décédé en 2000, figure de l’indépendance du Pays des Cèdres.
Ce dernier s’illustrera également aux différents postes ministériels qu’il occupera tout au long de sa carrière et durant la Guerre Civile, œuvrera au rapprochement des sunnites libanais à la Présidence Libanaise occupée par un Chrétien, actes pour lesquels, il aura à subir 2 attentats imputés à Damas avant de choisir l’exil en Suisse. Il sera l’un des principaux protagonistes des Conférences de Paix de Genève et de Lausanne, les alliés libanais du Régime de Hafez el Assad et les mouvements radicaux musulmans lui reprocheront d’ailleurs ses positions modérées en faveur des Chrétiens du Liban. Il s’impliquera également dans les accords de Taëf en 1989.
Son fils Tamam Salam lui succèdera d’abord à la tête de la Fondation Makassed en 1982 jusqu’en 2000 et tout comme les principaux partis de l’opposition chrétienne à l’occupation syrienne, et choisira le boycott du scrutin législatif de 1992 avant de se présenter comme candidat indépendant en 1996. S’alliant d’abord en 1998 à l’ancien premier ministre Rafic Hariri, il représentera les familles beyrouthines sunnites en s’opposant à lui lors du scrutin législatif de 2000 au prix d’un cinglant échec.
Au cours de la dernière décennie, ayant d’abord pris ses distances des principaux partis d’alors, il choisira de se rapprocher de Saad Hariri lors des élections parlementaires de 2007. Ce dernier le nommera Ministre de la Culture en 2008 au sein du gouvernement de Fouad Saniora. Il sera réélu sur la liste dite du 14 Mars en 2009.
Élève de la Broumana High School puis de l’Université Arménienne Haigazian, Tamam Salam sera également titulaire d’un diplôme d’économie et de gestion obtenu en Angleterre. Marié, il a 3 enfants.
Tamam Salam a été préparé depuis longtemps à être plus « politique » que bien de ses prédécesseurs qui ont abouti au Grand Sérail par l’intermédiaire d’une carrière d’Homme d’Affaire. Il s’agira pour lui de constituer un gouvernement intérimaire dont la principale tâche sera avant tout politique avec l’organisation des prochaines élections législatives alors qu’il reste toujours à définir la loi électorale qui sera utilisée et de la gestion de la sécurité du Pays des Cèdres qui se dégrade actuellement en raison du fossé de plus en plus important entre communautés sunnites et chiites. Sa position modérée sur ces 2 points pourront se révéler comme son principal atout pour cette mission à haut risque.
La nomination de Tamam Salam au poste de Premier Ministre pourrait également marquer le retour des grandes familles beyrouthines aux plus hautes fonctions de l’État. Elles en avaient été écartées avec la montée du Courant du Futur en 1992 puis en dépendaient. Cette alliance avec le Courant du Futur pourrait également indiquer la crainte de voir les personnalités sunnites dites modérées se faire dépasser par des mouvements plus intégristes sur la scène sunnite, comme ceux issus de la mouvement salafiste du Cheikh Assir à Saïda ou ceux de Tripoli au Nord Liban à la faveur des évènements qui ont eu lieu au Liban depuis 2005 et en Syrie depuis 2011.
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