Une grande promenade calinienne

Cet après-midi, ma chère et tendre Cali a décidé de m’emmener dans de belles aventures, sur les sentiers quelque peu encore vierges, dénués du béton qui nous entoure. Nous nous sommes ainsi rendu au Couvent St Georges de Sahel Alma, avant que Cali ne décide à dévaler les pentes du ravin, vers un petit pont de bois. Situé à proximité, un ancien moulin, me rappelant de bons souvenirs de gamins, la bande de l’immeuble avec Christophe et Laurent. Ce moulin était notre quartier général, nous l’avions décoré à notre manière avec le crâne d’un bouc découvert dans le lit du torrent qu’il surplombait. Ce crâne était un peu le symbole des galopins que vous étions.Après moultes bêtises sur place, on grimpait aux arbres, nous nous décidions toujours de revenir chez nos parents, armés de fleurs courageusement cueillies au bord même de ce fameux ravin dans lequel on manquait de peu de tomber.

Je me souviens de ce laurier qui pousse toujours là, dans un passage étroit du ravin. Je ramenais ses feuilles à ma mère, elle les laissait sécher, pour ensuite parfumer ses petits plats amoureusement préparés pour son fils et toute la famille.

L’aventure avec ma chienne m’a ramené à cette période heureuse, on n’avait pas conscience de la guerre qui pourtant ravageait ce pays. Elle a poursuivi sa route, au-delà du pont, là ou même enfants, nous n’osions nous aventurer, elle fière, toute pimpante, la queue tourbillonnant en l’air, fière, nul chien du voisinage n’a encore traversé ce Rubicon.

Peut-être est-ce là, l’effet que de jeunes chiens dans le quartier, accompagnés par leur maitre… ils passent leur temps à les promener à gauche et à droite, et Cali a décidé de faire pareil, une communication de facto canine… Toujours est-il que j’avais rêvé – quand elle n’était âgée que de quelques mois, de longues balades dans cette nature, chose qu’elle m’avait pourtant refusé durant des années, elle semblait avoir eu peur de chasseurs qui terrorisent la faune.

Elle poussait de plus en plus loin son désir d’explorer ce monde. Elle me rendait en fin de compte heureux, elle qui était, il y a encore quelques mois, presque au bout du rouleau, elle revit, elle respire le bonheur, la joie de vivre. Je ne pouvais donc lui demander de faire demi-tour, de retourner dans un train train bien quotidien.

C’est donc au bruit des criquets et autres cigales, entouré d’un champ des fleurs, dentelés par cette broussaille toute méditerranéenne avec des plans de genêts déjà hors saison, quelques chênes qui jouent la résistance, des pins parasols en guérilla, que nous avons poursuivi notre chemin, arrivant à des marches d’escaliers naturellement sculptées dans de la roche, comme quoi, Dame Nature nous veut du bien, puis au complexe Al Sahel. Nous avions retrouver une civilisation dont on se serait bien passée, l’odeur des voitures qui passent, elle ne voulait pas s’arrêter, elle fouillait chaque recoin, heureuse de cette liberté.

Fort heureusement, j’avais pris sur moi mon téléphone portable, j’ai pu donc appeler quelqu’un pour venir me chercher en voiture. Promenade, voiture, le Bonheur du Huski. Chose faite, ma chienne prend maintenant son repos bien mérité.