Vers une libanisation des dépôts en dollar en prévision d'une dévaluation?

Fait que ne peut qu’inquiéter hier, une circulaire de la Banque Audi qui circulait sur les réseaux sociaux, indiquait que désormais, les salaires, précédemment versés en dollar américain, seraient désormais versés en Livres Libanaises, sauf si l’employeur faisait parvenir les – désormais – précieuses devises depuis l’étranger.

L’établissement bancaire utilisant, comme la loi l’exige, le taux de parité officiel, soit 1507.5 LL, alors la possibilité de conversion des devises est aujourd’hui presque inexistant et la présence d’un taux officieux de 2 480 LL/USD sur le marché noir, amène ainsi à penser que désormais, les salaires de ces personnes sont réduits, de facto, de plus 60%.

Ainsi, si une personne gagnait 1 000 USD de salaire, elle recevra de cet établissement la somme de 1 507 500 LL alors que 1 000 USD représentent au marché noir 2 480 000 LL. Une différence qui n’est pas si anodine…

Cela touche donc également leur pouvoir d’achat puisqu’une hausse des prix est déjà constatée sur les marchés locaux.

Cette décision, unilatérale de la Banque Audi ou des autres banques qui seraient tentées de le faire également, parait donc injuste. Pour rappel, déjà le contrôle des capitaux, qui est de facto illégitime, puisqu’il n’a pas été imposé ni par la Banque du Liban ni par les autorités politiques, mais par l’Association des Banques du Liban qui est une organisation privée, le 1er novembre, fait déjà l’objet de plusieurs décisions judiciaires, des banques ayant déjà été condamnées.

Cette information intervient alors que beaucoup craignent une libanisation des dépôts étrangers qui serait suivie d’une possible dévaluation du taux officiel de la Livre Libanaise en raison de la grave crise économique que traverse le Liban, rendant nécessaire justement la fin de la politique de parité entre livre et dollar, politique coûteuse pour les réserves monétaires de la Banque du Liban mais aussi pour les banques libanaises aujourd’hui qui craquent financièrement, puisqu’elles nécessitent une importante recapitalisation suite à un probable défaut de paiement de l’état libanais lui-même.

Pour rappel, certaines études économétriques tentent à prouver que la parité réelle de la livre serait située aux alentours de 3000 LL/USD.

Même si les autorités politiques et monétaires semblaient refuser donc cette possibilité, il y a encore un mois, arguant que la fin de la politique de maintien de la parité pourrait toucher au pouvoir d’achat de la population libanaise, il semblerait tout de même, qu’une préparation à un tel acte soit préparé depuis un certain temps, avec le contrôle des capitaux, avec la mise en place de marchés parallèles du dollar ou encore aujourd’hui par l’adoption d’une telle mesure.