Célébrations

L'Anniversaire de Marie Josée, Restaurant Al Dente, Rue Abdel Wahhab al Inglese, Beyrouth, Liban.
L'Anniversaire de Marie Josée, Restaurant Al Dente, Rue Abdel Wahhab al Inglese, Beyrouth, Liban.

Le 19 avril dernier, l’Anniversaire de Marie Josée a eu lieu. Devant l’impossibilité de beaucoup de nos amis à venir partager ces moments, en lieu et place du traditionnel anniversaire surprise, j’ai opté pour plus d’intimité dans le cadre d’un restaurant chic de Beyrouth, à savoir l’Al Dente de l’Hôtel Albergo.

Le choix était facile, de la seule fois où je m’y suis rendu, j’en avais gardé un très bon souvenir. Il s’agissait d’un diner qui s’est déroulé durant la première décennie des années 90, à l’invitation d’un fonctionnaire de l’Ambassade de France – présent au Liban depuis plus de 20 ans – et qui voulait nous voir avant son départ définitif du Liban en compagnie de sa fiancée et future épouse.

Moi en costume... et cigare Cohiba Siglo IV à l'occasion
Moi en costume... et cigare Cohiba Siglo IV à l'occasion

Ayant réservé pour 20h15, nous étions les premiers présents au sein de l’établissement qui semble toutefois avoir légèrement changé, peut-être modernisé. Nous nous sommes donc naturellement attablés et – découvert pour Marie Josée  – redécouvert le lieu. Il n’est que trop rare au Liban de diner dans un restaurant avec des assiettes de porcelaine de Limoge et un service en argent, fort malheureusement d’ailleurs. J’oubliais de signaler que le Al Dente demande à sa clientèle de venir avec un code vestimentaire. Costume Cravate requise et d’ailleurs obligée donc pour nous les Hommes (à mon grand désespoir d’ailleurs dans un temps premier et je m’en suis fort heureusement et rapidement accommodé), tenue correcte exigée pour vous les Femmes.

Du menu, Marie Josée a choisi d’être « poisson » avec un carpaccio de Loup de Mer suivi d’un plat de Loup de mer, tandis qu’ayant toujours souvenir de l’entrée que j’avais précédemment commandé, il y a de cela 2 décennies, je me suis réservé pour une salade de Calamars et pour le « Carni » qui suivait ensuite, en bon carnivore que je suis.

Malheureusement, le menu n’a pas été mis à jour au niveau des vins, ayant voulu profiter de l’occasion pour déguster un vin exceptionnel, nous avons dû, modestement, nous contenter de vins libanais, certes meilleurs que dans d’autres cadres, mais il demeure qu’ils ne sont en rien comparables à certains châteaux bordelais même si à cette occasion, j’aurais bien voulu découvrir les grands vignobles italiens.

Nous nous sommes légèrement trompés dans nos choix, les assiettes étaient trop copieuses pour pouvoir être terminées. Ce n’est pas sans regret d’ailleurs, puis que la nourriture était excellente.

Eclairage "moderne" du Al Dente, contrastant avec le cadre "ancien" de l'immeuble qui héberge l'Hôtel Albergo. Il faut rappeler que cet établissement a été le premier boutique hôtel fondé au Liban.
Eclairage "moderne" du Al Dente, contrastant avec le cadre "ancien" de l'immeuble qui héberge l'Hôtel Albergo. Il faut rappeler que cet établissement a été le premier boutique hôtel fondé au Liban.

Alors que d’autres clients pénétraient dans l’antre du restaurant, une d’entre elle, a d’ailleurs exprimé à haute voix « un plat et cela suffit ». Une habituée sans doute. Une autre table abordait la question de la situation actuelle en Syrie. Nous devions être les plus jeunes dans la salle  jusqu’à l’entrée d’un jeune couple. Je vous avais signalé le code vestimentaire, elle était correcte, lui était – disons voir – plus exubérant. Certes, il était habillé d’une veste, certes, son cou était appareillé par une cravate, certes, il avait des chaussures noires à ses pieds, mais sans chaussettes, et un bermuda à la place du pantalon. Il respectait donc les règles de l’établissement tout en les ayant contourné. Un artiste sans doute.

Salade de Calamars, Restaurant Al Dente, 19 Avril 2011. Iphone
Salade de Calamars, Restaurant Al Dente, 19 Avril 2011. Iphone

Nos plats se sont ainsi succédés, n’ayant pas pu partager avec Marie Josée, en raison de la distance entre elle et moi, dû à la table, je n’aborderais donc que mes plats, à elle d’élaborer la critique des siens. Mes Calamars étaient excellents et je n’ai jamais vu des crevettes qui accompagnaient les calamars de cette taille – et surtout pas au Liban -. Juste parfait.

Les "Oreilles d'Elephants", Restaurant Al Dente, Rue Abdel Wahhab al Inglese, Beyrouth. Iphone
Les "Oreilles d'Elephants", Restaurant Al Dente, Rue Abdel Wahhab al Inglese, Beyrouth. Iphone

J’ai été cependant quelque peu déçu par mon plat principal. Il était pauvre en saveur, une simple viande panée aurait suffit à faire autant de bonheurs à nos tendres papilles gustatives. Il s’agissait d’un plat « à la portée de tout le monde ». Il serait tellement facile de trouver un filet de veaux blanc, le faire paner, couper quelques feuilles de basilic et les accompagnées de tomates en dés. Il ne revient à pas grand chose de faire sauter quelques pommes de terre coupées en rectangle. Mais il faut cependant rendre justice à la qualité du matériel du plat. La viande était elle même excellente, et je n’ai pu la terminer d’ailleurs. Il fallait encore se réserver pour le dessert.

En parlant de dessert, Marie Josée, dont les plats étaient moins conséquent, a pris un fondant au chocolat maison alors que je me suis contenté d’un sorbet maison, suivi d’un thé vert comme digestif.

Au niveau des prix, je me serais attendu à plus. La facture totale s’est élevée à 188 dollars auxquels il faut ajouter le pourboire, généralement 10% de la somme donc 208 dollars en tout. Par rapport à la concurrence, Al Dente dépasse actuellement ceux que nous avons déjà fréquenté et qui appartiennent à une classe en dessous. A ma connaissance, l’établissement est le seul au Liban qui mérite à se voir accorder le prix de véritable restaurant en raison de sa durée et de son concept, ainsi que de la qualité déjà soulignée des matières utilisées, les autres souvent désirant une rentabilité rapide au détriment de la qualité qu’ils présentent tout d’abord, cherchant à s’étendre géographiquement, le tout devenant à la fin un concept « Fast Food de Luxe ». Il reste cependant que nous devons toujours vérifier de nouveaux établissements comme « Chez Sophie » dont 2 amis nous en ont fait par du plus grand bien.

Polaroid faite par un vieux photographe libanais, place de l'Etoile, Centre-Ville de Beyrouth.
Polaroid faite par un vieux photographe libanais, place de l'Etoile, Centre-Ville de Beyrouth.

Le reste de la soirée, promenade en amoureux au Centre-Ville de Beyrouth, rendu bien agréable avec l’absence remarquée de touristes de la Péninsule Arabique. qui n’auront donc pas la possibilité de déshabiller nous autres locaux et surtout locales de leur regard bien désagréable. On a retrouvé ici quelques couples solitaires qui voulaient partager ce moment unique durant lequel, la lune jouait à cache-cache derrière les nuages.

Au détour de la Place de l’Etoile, un vieux photographe louchant un peu, armé de 2 anciens polaroids nous a offert de nous « tirer un portrait ». Il était touchant de voir des personnes de cet âge dans le besoin. Malheureusement pour lui, l’empreinte digitale que prend le Monde, a induit à réduire son marché, la clientèle préférant généralement le coté cheap et peu magique de voir sa photographie apparaitre instantanément sur un écran et non sur du papier. Le polaroid n’est pas dénué d’un certain charme quand on voit « des ombres » sur un fond blanc, prendre des formes de plus en plus assurées, puis se métamorphosées en visages familiers. Il semblerait que nos nouvelles générations, à force de devenir trop geeks, oublient l’essentiel, ils préfèrent l’instantanée, le fast food, le cliché numérique, à l’attente, à la construction, à l’émerveillement, au charme. Certes, il y a « ce côté pratique » d’une chose immédiate, mais quand on a le temps, autant le prendre et éprouver ce plaisir. Il s’agit de faire comme un bon vin qui se boit et qui ne se laisse rassasier avec le charme de sa saveur et de sa robe, il s’agit d’un cigare qu’on fume en prenant son temps, il s’agit encore plus de l’amour qu’on partage, avec des moments précieux qui se veulent être éternels et on ne voit plus ce temps passés ensembles. On s’oublie.

Je terminerais en partageant ici avec vous quelques instants photographiques d’une soirée bien romantique.

La Lune au Centre Ville de Beyrouth, Leica M9, Summicron 50 mm
La Lune au Centre Ville de Beyrouth, Leica M9, Summicron 50 mm
Vue sur l'Eglise Orthoxode de la Place de l'Etoile avec la Mosquée "Rafic Hariri" en arrière fond, Centre Ville de Beyrouth, Leica M9, Summicron 50 mm
Vue sur l'Eglise Orthoxode de la Place de l'Etoile avec la Mosquée "Rafic Hariri" en arrière fond, Centre Ville de Beyrouth, Leica M9, Summicron 50 mm
3 générations ... de moyen d'éclairage, Centre Ville de Beyrouth, Leica M9, Summicron 50 mm
3 générations ... de moyen d'éclairage, Centre Ville de Beyrouth, Leica M9, Summicron 50 mm
Statue de Samir Kassir avec utilisation du Second Rideau, Centre Ville de Beyrouth, Leica M9, Summicron 50 mm
Statue de Samir Kassir avec utilisation du Second Rideau, Centre Ville de Beyrouth, Leica M9, Summicron 50 mm